Enfin une petite once de bon sens au sein de l’opposition gabonaise avec le ralliement de deux candidats à Jean Ping. Sur 13 opposants contre Ali Bongo, il en reste encore 10 qui font cavaliers seuls et refusent de participer à l’unité de façade de dernière minute concoctée par Casimir Oyé Mba, Guy Nzouba Ndama et Jean Ping.
Personne n’est dupe : ces trois ne s’aiment pas et ne s’apprécient même pas. C’est l’échec populaire sur le terrain qui les a poussés à faire semblant de s’allier au dernier moment.
C’est assurément un coup d’épée dans l’eau qui enfonce les trois mousquetaires coupables de cécité politique comme tous les autres opposants gabonais. En effet le choix des candidatures multiples est suicidaire et tout le monde le sait. Sauf que les égos démesurés des uns et la volonté féroce des autres de défendre certains intérêts inavouables empêchent toute candidature unique pour l’ensemble de l’opposition.
Le buzz de l’ultime virage électoral n’y change rien. Le mal est déjà fait car le peuple gabonais connaît bien tous ces candidats qui ont blanchi sous le harnais et qui, au soir de leur vie politique, cherchent à se présenter sous un jour nouveau. L’arnaque est grossière au point d’en devenir une farce. Pour Casimir Oyé Mba cette nouvelle reculade enterre définitivement une vie politique tortueuse qui souille sa fierté. Il restera l’homme de tous les reniements; celui dont la parole ne vaut rien. Que vaut donc le soutien d’un tel homme ?
Et Ndama, un opposant de la 25ème heure qui tente un ultime coup de Jarnac pour continuer à s’empiffrer. C’est pitoyable. Ce n’est pas mieux pour Ping dont la trajectoire politique est tout sauf recommandable. Trahir ses bienfaiteurs n’est pas une couronne facile à porter. Les Gabonais ont de la mémoire et ne se laisseront pas trompés par des marchands d’illusions revanchards. A dix jours du rendez-vous des urnes de nouvelles surprises médiatiques pourraient être orchestrées mais cela fera encore pschitt.
Les électeurs ont déjà fait leur choix et ne vont prêter attention à des gesticulations opportunistes. Les élections ne se jouent pas par des effets de manche. Convaincre les citoyens exige un discours pertinent et des actes conséquents tout au long d’un parcours politique digne et patriotique.
Le rendez-vous de l’élection présidentielle est celui d’un homme et d’un peuple. L’affaire est très sérieuse. L’avenir d’un pays est en jeu. Il ne s’agit pas de loterie électorale mais d’un choix lucide qui engage pour sept ans. Les opposants septuagénaires ne pourront pas tenir la distance sur le simple plan physique. Il y a aussi le risque de sénilité qu’il faut prendre en compte. C’est pourquoi certains pays limitent l’âge des candidats à juste raison. Mais le plus important reste le sacerdoce que constitue la présidence que tout le monde doit respecter.
Le pouvoir n’est pas un butin à partager entre complices. Les associations de politiciens douteux sont identifiés comme telles par les citoyens et toujours sanctionnées dans les urnes.