Les Gabonais voteront samedi pour décider s’ils confient ou non un troisième mandat au président Ali Bongo Ondimba face à 13 autres candidats parmi lesquels les principaux partis d’opposition ont choisi, tardivement, un prétendant relativement peu connu du grand public, Albert Ondo Ossa.
Près de 850.000 électeurs inscrits voteront de manière inédite pour trois élections le même jour : présidentielle, législatives et municipales. Les deux premières sont regroupées en un seul vote par le truchement d’un bulletin unique pour les candidats à la présidentielle et à la députation issus d’un même parti.
La principale plateforme de l’opposition, Alternance 2023, qui s’est rangée une semaine avant le scrutin derrière un inattendu « candidat consensuel » en la personne du professeur Ondo Ossa, appelle à « ignorer » les législatives pour se concentrer sur la présidentielle, « seul enjeu des élections ». Car il se présente aux urnes comme « indépendant », donc sans parti et par conséquent sans prétendant à la députation sur le même bulletin.
L’opposition avait déjà critiqué, à cinq mois du scrutin, une « modification des règles du jeu » visant à tailler une réélection sur mesure au sortant, notamment en faisant repasser le scrutin de deux à un tour, gagnable donc à la majorité relative. Ce qui avantagerait théoriquement Ali Bongo face à 13 autres candidats.
Le chef de l’Etat a été élu en 2009, après la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigeait le pays depuis plus de 41 ans. Puis réélu en 2016 mais laborieusement, avec 5.500 voix seulement d’avance sur l’opposant Jean Ping, qui dénonçait des « fraudes ». Ce scénario, le PDG veut l’éviter cette année avec une « victoire cash ».
Albert Ondo Ossa, ministre d’Omar Bongo de 2006 à 2009, est un éminent économiste, très à l’aise dans ses adresses au public mais peu connu dans les quartiers populaires, la classe moyenne, et chez les jeunes, en dehors des étudiants à l’université de Libreville où ce professeur agrégé enseigne.
En raison de l’appel d’Alternance 2023 à les boycotter, mais aussi de l’omnipotence du PDG, parti unique jusqu’en 1990 puis archi-dominant, la victoire aux législatives paraît acquise au camp Bongo, qui jouit déjà d’une écrasante majorité à l’Assemblée nationale sortante. M. Ondo Ossa, lui, a promis de dissoudre la nouvelle chambre basse s’il est élu président.