Les germes de la division sont entrain de miner lentement mais sûrement les opposants gabonais.
L’ex-ministre de la justice Seraphin Moundounga s’active pour mettre sur pied un « conseil national de transition »; Jean Ping lui, coupe l’herbe sous les pieds en annonçant la création prochaine d’« un conseil de la résistance gabonaise ».
À noter le manque de réalisme qui caractérise les deux initiatives. En effet une « transition » vers quoi ? Et, en ce qui concerne « la résistance », Ping se trompe d’époque. Le Gabon n’est ni en guerre ni en état d’occupation. Si tel était le cas la prestation de serment du président élu n’aurait pas eu lieu, en plein jour dans la paix et en présence de chefs d’Etat étrangers, de premiers ministres et d’ambassadeurs représentant des pays de tous les continents.
Depuis les dérapages de l’annonce des résultats provisoires, la situation est calme et sous contrôle dans tout le pays. N’en déplaise à Ping, il n’y a ni émeute ni révolte populaire. D’où l’absurdité de sa trouvaille de « conseil de la résistance gabonaise ».
L’objectif de cette agitation est dans une volonté des uns et des autres de truster le leadership de l’opposition. Ping a réagi de peur d’être supplanté par le néo-opposant Moundounga qui s’agite beaucoup à Paris.
Ce qui risque de passer est que ses coalisés comme Casimir Oyé Mba et Ndama, entre autres, vont bientôt se lasser en se rendant compte que Ping n’a aucune vision pour le moyen et long terme. La situation actuelle l’a tétanisé. Il n’a pas de plan de B car il n’y en a pas. Sa défaite est actée et le pouvoir en place légitimement et solidement installé.
Répondre au dialogue proposé par le président Ali Bongo est la seule voie raisonnable et politiquement payante. Elle permettrait de renforcer le gouvernement d’ouverture et de préparer sereinement les prochaines échéances électorales en travaillant pour le peuple gabonais.
La stratégie de la tension est contre-productive et n’a pas de créneau pour prospérer dans les circonstances actuelles.
Ping en est bien conscient lui qui a essayé de soulever les foules en vain. Dernière tentative avortée en date l’appel à l’observation d’une « journée de recueillement » qui a connu un échec retentissant. Son conseil de la résistance, si jamais il voit le jour sera une coquille vide. Tout comme l’hypothétique « conseil national de la transition » qu’envisage Moundounga.
La fait qu’il n’y ait pas de concertation entre Ping et Moundounga montre bien que ces deux là ne se font pas confiance. Moundounga, il est vrai, est tombé comme un cheveu dans la soupe de l’opposition.,Et Ping est jaloux de son improbable statut de « chef de l’opposition ». Lui le cacique du régime Bongo, le septuagénaire qui a blanchi sous le harnais.
Entre vaudeville comédie à deux sous, les sorties médiatiques de l’opposition sont à prendre avec des pincettes. Ce sont des déclarations qui ne riment à rien. Juste pour amuser la galerie.
Ping pourrait prendre de la hauteur pour résister à ses propres démons pouvoiristes, brider un peu son égo et répondre à l’appel patriotique du président Ali Bongo.
Qui sait un sursaut civique doublé d’une prise de conscience réaliste est toujours possible.