À six semaines de l’élection présidentielle prévue le 12 avril, les autorités de transition du Gabon ont annoncé le déploiement de missions de contrôle pour évaluer l’état d’avancement précis des chantiers lancés depuis le coup d’État du 30 août 2023.
Selon un communiqué officiel diffusé jeudi soir à la télévision nationale, le chef de l’État, le général Brice Oligui Nguema, accorde une importance particulière au respect des délais de livraison et au maintien d’un rythme de travail efficace pour ces projets bénéficiant de financements conséquents.
Un climat politique marqué par l’élection présidentielle à venir
Depuis son arrivée au pouvoir, l’ancien chef de la garde présidentielle n’a pas encore annoncé sa candidature officielle pour un mandat de sept ans, mais ses récentes actions laissent entrevoir une volonté de rester aux commandes.
Jeudi, une douzaine de prétendants ont retiré leur dossier de candidature au ministère de l’Intérieur. Le processus d’inscription, qui se poursuit jusqu’au 8 mars, inclut un test linguistique, un contrôle médical et une déclaration de patrimoine.
En parallèle, la télévision publique Gabon 24 diffusera ce vendredi un document exceptionnel intitulé « Retour à l’ordre constitutionnel », mettant en avant les images de l’investiture du général Oligui.
Un renforcement de la transparence et de la lutte contre la corruption
Sur le terrain, les travaux routiers se multiplient à Libreville, entraînant de sérieux embouteillages. Cette accélération des chantiers s’inscrit dans une volonté d’afficher des avancées concrètes à l’approche du scrutin.
En novembre 2023, une task force sur la dette publique avait révélé des détournements de fonds et des surfacturations sur des projets financés entre 2020 et 2022, avec 100 milliards de FCFA saisis dans des comptes bancaires privés et d’entreprises.
Cette semaine, une autre task force chargée d’identifier les fonctionnaires fantômes a signalé 1 030 cas de fraude, dont 45 décès non déclarés, représentant une perte annuelle de 6,8 milliards de FCFA.
« La corruption est partout, même dans la fonction publique. Après août 2023, elle n’a pas disparu, mais elle a nettement diminué », a déclaré le colonel Jonas Sambi, secrétaire général du ministère de la Fonction publique.
Une gestion financière scrutée par les institutions internationales
Dans un rapport publié en juillet 2024, le Fonds monétaire international (FMI) a mis en garde contre la mauvaise gouvernance et le manque de transparence dans les comptes publics gabonais.
Le FMI a notamment relevé plusieurs dysfonctionnements dans la gestion des chantiers publics :
- Absence d’étude de faisabilité avant le lancement des projets.
- Sélection opaque des prestataires.
- Attribution des marchés sans contrôle rigoureux de l’exécution.
Avec une dette publique représentant 70 % du PIB, les autorités gabonaises sont sous pression pour rationaliser les dépenses publiques et restaurer la confiance des investisseurs.
Alors que le Gabon se prépare à une échéance électorale cruciale, cette opération de contrôle des chantiers s’inscrit dans une dynamique de redressement économique et de lutte contre les abus financiers, visant à rassurer la population et les partenaires internationaux.