Afrique Confidentielle a suivi pas à pas le très réseauté Jean Ping dans ses audiences parisiennes lors de son séjour du mois d’octobre dans la capitale française. M. Ping a beaucoup bougé et a eu beaucoup d’entretiens, mais peu de résultats dans ses démarches.

Ses différents interlocuteurs ont peu goûté ses diatribes contre le régime gabonais qui l’a longtemps pouponné et engraissé. Surtout, rien ne pouvait étayer ses propos.

Envoyé spécial de la Chinafrique

Il s’y ajoute que l’ancien potégé de feu Omar Bongo dégageait un parfum d’envoyé spécial d’une certaine Chinafrique. Cette dernière hérisse naturellement bien des cheveux dans l’Hexagone.
Le preux chevalier Ping a donc été reçu avec certes de la courtoisie. Il a eu néanmoins à essuyer ici et là des propos peu amènes.
Le très curieux reporter de AC vous raconte par le menu ce baroud diplomatique qui a pu parfois prendre les allures d’un chemin de croix.

Il est à préciser que Jean Ping a été coaché par le cabinet de conseil DDC Communication, dirigé par Marie Prouet.

La photo avec le Premier secrétaire du PS français Cambadelis, qu’il exhibe sur son site Internet, ne saurait masquer l’échec de son offensive parisienne.

Offensive parisienne ratée

Jean Ping a d’abord rencontré le sénateur des Français de l’étranger M. Jean-Pierre Cantegrit. Il dressa à ce dernier un tableau si sombre du Gabon qu’il en était surréaliste et totalement fantaisiste. Jean Ping ne savait pas que M. Cantegrit avait déjà rencontré le président Ali Bongo, quatre mois auparavant. Le sénateur français a pu ainsi faire la part des choses dans le discours servi par Jean Ping.
La mauvaise foi de son hôte du jour en fut révulsante. La situation chaotique du Gabon dont Ping a fait son cheval de bataille pour se présenter en sauveur est une fiction. Le scénario concocté manque totalement de vraisemblance. La passion a de toute évidence obscurci le jugement de l’ancien ministre gabonais.

Volée de bois vert à l’Elysée

Les positions extrémistes de Jean Ping ont beaucoup contribué à l’échec de sa mission en France. IL aurait reçu une écoute plus attentive s’il avait été moins va-t-en-guerre.

C’est pourquoi il a reçu une véritable volée de bois vert lors de son audience dans le bureau de Mme Hélène Le Gal à l’Elysée.

Ce vendredi 2 octobre 2015, le dialogue avec la Madame Afrique de l’Elysée tourne à l’affrontement verbal. Les divergences de vues sont totales, les positions irréconciliables.
Pour l’Elysée, Ping qui est d’origine chinoise représente les intérêts chinois, et ne peut donc attendre aucune faveur depuis Paris.

Audiences nulles et non avenues

Mardi 6 octobre, Jean Ping rencontre Ibrahima Diawadoh N’Jim à Matignon – résidence du premier ministre français – où ce dernier est chargé de mission. M. Ping ignorait cependant que son hôte est très proche du directeur de cabinet du président Ali Bongo.
En réalité, l’Elysée et Matignon parlent le même langage.

Jeudi 8 octobre, c’est avec Jean-Christophe Belliard – Directeur Afrique-Océan Indien au ministère français des Affaires érangères – que Jean Ping s’entretient.
Du point de vue de la diplomatie, cette audience au Quai d’Orsay n’aurait jamais dû avoir lieu. C’est pourquoi M. Belliard a été rappelé à l’ordre.
La France ne peut d’une manière ou d’une autre montrer qu’elle apporterait un quelconque soutien à un opposant à un pouvoir ami.
Audience donc nulle et non avenue, si on l’ose dire.

Cheval de Troie des Chinois ?

Le problème de Jean Ping est qu’il traîne une image de VRP de la Chinafrique. Personne ne lui reproche d’être certes naturellement et à son corps défendant Chinafricain. Il est néanmoins trop proche des intérêts chinois, ce qui est problématique.

Des questions se posent notamment sur ses moyens importants. Elles se posent également sur sa brusque volte-face politique. Il avait en effet affirmé vouloir prendre sa retraite à la fin de son mandat à la tête de l’Union africaine (UA).
Pourquoi un tel revirement ? Ping est-il le cheval de Troie des Chinois ? Il a en tout cas le profil de l’emploi.

Les Chinois investissent des sommes énormes en Afrique et ont besoin d’hommes de confiance.
Jean Ping peut tout à fait faire des affaires avec ses cousins. Il n’est cependant pas sain que les affaires d’un Etat y soient associées. La souveraineté ne se monnaie pas, et le Gabon n’est pas sur le marché des actions. Il veut comme tout autre pays des partenaires respectueux, qui s’inscrivent dans une logique gagnant-gagnant.

Il faut souhaiter que les déboires de Jean Ping en France servent à lui ouvrir les yeux. S’il cherche des soutiens, il va lui falloir regarder ailleurs.

 

Crédit image : CC BY 2.0 Radio Okapi – Jean Ping.