Sept mois après le coup d’Etat militaire ayant mis fin à 55 ans de “dynastie Bongo”, le nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, a lancé mardi un Dialogue national inclusif (DNI) d’un mois, censé préparer des élections en 2025.

La cérémonie d’ouverture de cette “consultation de toutes les forces vives de la nation” devait avoir lieu au Palais des Sports, au centre de Libreville, mais les travaux des 580 participants nommés par Oligui débuteront mercredi au Stade de l’Amitié sino-gabonaise à Angondjé, dans la banlieue de la capitale.

Ces dernières semaines, les appels à reporter le DNI étaient quasi quotidiens dans la presse indépendante et dans la petite frange de l’ex-opposition qui n’a pas rallié le pouvoir militaire.

Organisation “unilatérale”.

En cause, d’abord, une organisation “unilatérale” et la part belle, parmi les 580 participants, faite aux militaires et aux institutions de transition nommées par le chef de l’Etat: gouvernement, députés, sénateurs, certains conseils municipaux et départementaux, etc.

Si l’on inclut les 104 militaires nommés par le général Oligui, plus de 300 participants sont de facto issus d’administrations et institutions nommées par ou favorables aux autorités militaires de transition. Dans lesquelles ont été maintenus de très nombreux caciques des régimes d’Omar Bongo, président pendant 41 ans, et de son fils Ali (plus de 14 ans). Ce dernier, qui avait succédé à son père en 2009, a été renversé par les militaires qui reprochaient à son entourage familial et proche d’avoir fraudé sans retenue à la présidentielle du 26 août et d’avoir pillé le pays en détournant massivement des fonds publics.

Le chef de l’Etat a également choisi, pour participer au DNI, une parmi quatre personnes proposées par chacun des 104 partis légalement reconnus, dont une immense majorité a fait allégeance au général. Sur 580 participants, restent donc 217 représentants de la société civile (patronat, syndicats, retraités, jeunes, handicapés, ONG, cultes…), tous également nommés par décret du président mais pas forcément tous dans son camp.

Le dialogue national n’étant pas “souverain”, ses résolutions ne seront pas contraignantes, estiment aussi ses détracteurs, notamment pour la nouvelle Constitution qui sera élaborée par les députés et sénateurs nommés par le général Oligui et soumise à référendum.