Depuis le 30 août 2023, le Gabon traverse une période de transition politique dirigée par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Si certains critiques pointent du doigt les difficultés et les promesses non tenues, il est essentiel d’analyser cette période avec un regard équilibré et constructif. En moins de deux ans, le Président de la transition a posé les jalons d’une véritable transformation du pays, marquant une rupture claire avec le précédent régime d’Ali Bongo.

Une rupture claire avec le passé

Le Gabon, sous la présidence d’Ali Bongo, a connu des années de gouvernance caractérisées par l’opacité, le népotisme et une économie fortement dépendante du pétrole. L’arrivée du Général Oligui au pouvoir a marqué une volonté de changement profond, notamment à travers des engagements en faveur de la bonne gouvernance, de la diversification économique et de la justice sociale.

Contrairement à ses prédécesseurs, Oligui Nguema s’est attaqué aux réseaux de corruption en engageant des actions concrètes pour redonner confiance à la population. La renationalisation de certaines entreprises stratégiques, la mise en place d’outils de contrôle budgétaire et la volonté de moderniser l’administration publique témoignent de cette volonté de changement. La création de la Banque Nationale pour l’Entrepreneuriat et le retour de la Société Nationale des Bois du Gabon sous le contrôle de l’État illustrent cette politique de rupture.

Un président face à des défis structurels anciens

Si toutes les réformes annoncées n’ont pas encore abouti, il faut souligner que la transition s’inscrit dans un contexte de défis structurels majeurs hérités des précédents gouvernements. L’économie gabonaise, historiquement dépendante du pétrole, souffre d’un manque de diversification, rendant les réformes plus complexes à mettre en œuvre sur une courte période.

Les infrastructures publiques nécessitent des investissements de long terme, et les services de base comme la santé et l’éducation ne peuvent être redressés instantanément. Les difficultés liées à la gestion des finances publiques, notamment les dettes accumulées et les pratiques opaques ancrées depuis des décennies, ne peuvent être effacées en seulement dix-sept mois.

Il convient aussi de noter que les attentes populaires étaient immenses après des années de stagnation. Un peuple frustré et désillusionné par des décennies de mauvaise gestion espérait des résultats immédiats. Cependant, reconstruire un État sur des bases solides prend du temps, surtout lorsque l’on veut éviter de reproduire les erreurs du passé.

Des avancées notables malgré le temps limité

Malgré ces défis, plusieurs réalisations concrètes viennent témoigner des progrès engagés par la transition :

– Relance économique et justice sociale : L’État a initié des réformes visant à encourager l’entrepreneuriat, faciliter l’accès au crédit et redynamiser le secteur du bois, un pilier essentiel de l’économie nationale.

– Amélioration des infrastructures et conditions de vie : Des projets de modernisation ont vu le jour, avec la construction de nouvelles routes, la réhabilitation de certains établissements de santé et la distribution de scooters aux personnes à mobilité réduite.

– Lutte contre la corruption : Plusieurs figures impliquées dans des affaires de détournements de fonds ont été écartées et des audits ont été lancés pour assainir les finances publiques.

– Renforcement du rôle diplomatique du Gabon : La présence du Président Oligui sur la scène internationale vise à renforcer les relations économiques et attirer des investisseurs.

Un autre point essentiel à souligner est la volonté du gouvernement de renforcer la souveraineté nationale. La renégociation de certains contrats passés avec des entreprises étrangères a permis d’assurer un meilleur contrôle des ressources du pays. De plus, des mesures ont été prises pour améliorer l’autonomie alimentaire du Gabon en développant le secteur agricole.

Les critiques et leur mise en perspective

Certaines critiques formulées à l’encontre de la transition doivent être nuancées. Par exemple, le rapport évoque l’absence d’un plan électoral précis et un manque de transition claire vers un gouvernement civil. Toutefois, il est crucial de rappeler que la mise en place de nouvelles institutions démocratiques solides prend du temps et nécessite un équilibre entre stabilité et ouverture politique. La refonte constitutionnelle s’inscrit dans cette dynamique.

Les accusations de népotisme et de gestion opaque doivent également être replacées dans leur contexte. Si certains membres du gouvernement actuel ont des liens avec le pouvoir, cela ne signifie pas que les décisions prises ne sont pas orientées vers l’intérêt général. La priorité est d’assurer une gouvernance efficace et de garantir la continuité de l’État.

D’autre part, la situation économique mondiale, marquée par des crises géopolitiques et climatiques, ne facilite pas la tâche du gouvernement gabonais. La fluctuation des cours du pétrole, la pression des institutions financières internationales et l’impact du changement climatique sur certaines activités économiques sont autant de facteurs à prendre en compte lorsqu’on analyse les résultats de la transition.

Un homme d’État face à un monde en mutation

Au-delà du contexte national, le Général Oligui Nguema doit gouverner dans un monde marqué par des crises géopolitiques, économiques et climatiques majeures. La capacité du Gabon à s’adapter aux nouvelles dynamiques internationales dépend en grande partie de la stabilité et de la vision politique de son dirigeant.

Sa gestion de la transition montre qu’il possède les qualités nécessaires pour faire face aux défis contemporains :

  • Une vision pragmatique et réaliste face aux contraintes économiques du pays.
  • Une approche diplomatique affirmée pour renforcer la place du Gabon sur la scène africaine et mondiale.
  •  Une volonté de transformation qui, bien que perfectible, marque une évolution significative par rapport aux pratiques du passé.

Pourquoi lui donner plus de temps ?

La transition n’a pas permis de tout régler, et il serait illusoire de penser qu’un tel travail peut être achevé en moins de deux ans. Cependant, la trajectoire engagée est celle du progrès. Il est donc primordial que le peuple gabonais accorde davantage de temps au Président Oligui pour poursuivre son action et concrétiser les réformes en cours.

Plutôt que de voir uniquement les retards et les promesses encore inachevées, il faut considérer la dynamique enclenchée et les efforts pour remettre le Gabon sur le chemin du développement. Loin d’être un simple successeur du régime Bongo, Oligui Nguema incarne aujourd’hui une alternative crédible et nécessaire pour bâtir un Gabon plus fort et plus juste.

En définitive, juger une transition de cette ampleur sur une si courte durée est prématuré. Il faut laisser le temps aux réformes de porter leurs fruits et mesurer leur impact sur le long terme. Avec un engagement constant et le soutien du peuple, le Gabon peut espérer un avenir plus prometteur.