Jean Ping a décidé de sortir du bois pour empêcher Ali Bongo de dialoguer en paix avec ceux qui ont accepté de le faire. Lui envahit les rues pour marquer son désaccord, tester sa popularité et rappeler sa position intransigeante.

L’opposant résolu se transforme en homme politique irréductible et sa capacité à mobiliser va le réconforter dans sa démarche. La position de l’union européenne aussi. Car celle-ci a confirmé « les doutes sérieux » déjà exprimés sur les résultats des élections du 27 août.

On peut aussi penser que les ennuis judiciaires de la présidente de la cour suprême du Gabon(elle est visée par une enquête en France sur des transferts de fonds suspects) qui avait pesé sur la balance pour valider la victoire de Bongo sont aussi pour quelque chose dans la nouvelle dynamique Ping.

Il y a surtout que depuis le 27 août, Ali Bongo n’arrive pas à attirer les « grosses pointures » de la coalition de Jean Ping. Pourquoi ?

C’est la réponse à cette question qui va déterminer l’avenir proche. En effet si cette coalition tient contre vente et marées, le dialogue initié par Bongo ne sera pas pertinent. Ses conclusions ne changeront pas la situation sur place et les législatives à l’horizon seront une nouvelle épreuve de feu.

Ali Bongo a donc intérêt à tout tenter pour convaincre Guy Nzouba Ndama et/ou Casimir Oye Mba. Le premier a confirmé son ancrage dans la coalition Ping tout en lançant une nouvelle formation : « Les Démocrates » pour préparer les législatives. S’il y participe ; il légitimera de facto Ali Bongo. Le second aussi a réaffirmé sa fidélité à Ping mais n’exclut pas de participer aux législatives.

Dans les deux cas la porte n’est pas totalement fermée. Ali Bongo devrait mettre les bouchées doubles pour solliciter des médiations efficaces et s’adresser au peuple gabonais pour mettre en exergue sa volonté réelle de dialogue.

En vérité nous assistons à la troisième mi-temps des élections présidentielles et le président élu n’a pas toutes les cartes en main. Parce que la situation économique est difficile et il mène une purge qui complique son action politique. En effet son propre camp est secoué par des arrestations pour des détournements de deniers publics. Et depuis le scrutin présidentiel, le peuple gabonais reste divisé.

La voie du dialogue est la seule issue avec des réformes audacieuses pour réduire la durée du mandat présidentiel et proposer un poste de vice-président, par exemple.

D’une façon ou d’une autre, l’opposition doit être associée. Elle doit être reconnue et respectée. C’est la seule lecture politique pertinente à faire des résultats officiels qui consacrent la division du pays en deux.

La position de Ping peut et doit évoluer s’il a pour objectif ultime de promouvoir la paix sociale. L’union africaine doit s’engager. L’ONU, aussi et les sages africains des pays voisins et d’ailleurs.

Il faut agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Le Gabon ne peut pas se permettre de couver un conflit électoral perpétuel.