Le président sénégalais, Macky Sall a fait un vibrant plaidoyer au sommet de Paris sur le financement des économies africaines, pour défendre le droit des pays africains à accéder à des offres à maturité longue pour réaliser les projets d’infrastructures et autres, qui sont essentielles pour faire « décoller l’émergence ».
Il s’est d’emblée projeté au-delà des actions conjoncturelles de financement qu’imposent les impacts négatifs de la Covid.
Car même si cette pandémie a moins touché l’Afrique, sur le plan des contaminations et des décès, (130 000 morts en Afrique contre plus de 3 millions dans le reste du monde), elle a fait basculer le continent dans la récession. Une première, depuis de longues années.
Il y a donc un besoin urgent d’argent frais et de financements à long terme, pour d’abord sortir le continent de l’ornière ; et ensuite consolider sa dynamique de conquête de l’émergence qui était en flèche, avant la pandémie.
Macky Sall, qui a été le premier leader africain d’envergure, à mener le combat pour l’annulation de la Dette, reste fidèle à sa démarche lucide et prospective.
Il se réjouit de la mise à disposition des Droits de tirage (DTS) par le FMI, tout en constatant que les 33 milliards de dollars qui reviennent à l’Afrique, sont très insuffisants.
Des estimations mettent en exergue des montants entre 130 et 150 milliards de dollars, qui seraient nécessaires pour les seuls pays africains dont les économies sont les plus faibles.
Dès lors, Macky Sall suggère une réallocation des droits de certains pays riches à l’Afrique, qui est dans une situation d’urgence économique grave.
Ce souhait du chef de l’Etat sénégalais est partagé par le président Emmanuel Macron, qui a affirmé la disponibilité de son pays.
Il faudrait donc convaincre les autres membres du G7 et du G20, pour qu’une bonne partie des 650 milliards de dollars de DTS qui seront autorisés soit allouée au continent africain.
Mais, Macky Sall ne s’arrête pas là, car son plaidoyer cible la « gouvernance économique mondiale » dans son ensemble, qui doit changer pour permettre à l’Afrique de trouver des financements innovants, sans se heurter aux barrières du plafonnement de l’endettement à 70% du PIB, (pour les pays membres de l’UEMOA) et au seuil de 3% du déficit budgétaire à ne pas dépasser.
Et aussi, le coût élevé des primes d’assurances, à cause du « risque Afrique » qui est exagéré !
Ces limitations imposées doivent être retoquées si l’objectif ultime est de favoriser l’émancipation économique continentale et l’émergence.
Macky Sall a raison de mettre le curseur sur ces questions fondamentales qui doivent trouver des solutions concertées pour remodeler la gouvernance économique et financière mondiale. C’est un défi à relever dans ce nouveau contexte du premier tiers du 21 ème siècle.
Le rendez-vous de l’émergence de 2036 l’exige et c’est dans l’intérêt bien compris de tous les Etats du monde.
Une Afrique développée sera une nouvelle « frontière », pour toutes les conquêtes économiques et industrielles du futur.
Il faut assurément voir loin, à commencer par le futur proche, que la sortie de la Covid va redessiner économiquement et politiquement.
Le sommet de Paris a donc été utile, car il a permis à des chefs d’Etat crédibles du continent africain de s’adresser au reste du monde pour décliner leur feuille de route post-pandémie et appeler les partenaires que sont les pays riches à les accompagner le long du chemin.
Macky Sall a porté haut et fort, la voix du Sénégal et de l’Afrique !