Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a admis mardi la présence de troupes érythréennes dans la région du Tigré. Il a jugé « inacceptable » les éventuelles atteintes aux civils qu’elles ont pu commettre dans cette zone frontalière en proie aux combats depuis novembre 2020.
La présence au Tigré de troupes venues d’Erythrée avait été rapportée par des habitants, des ONG et certains diplomates, mais était démentie depuis des mois par les autorités des deux pays.
« Après que l’armée érythréenne a traversé la frontière et opéré en Ethiopie, tout dommage qu’elle a causé à notre peuple est inacceptable” » a déclaré mardi Abiy devant le Parlement. « Nous ne l’acceptons pas parce que c’est l’armée érythréenne, et nous ne l’accepterions pas s’il s’agissait de nos soldats. La campagne militaire était contre nos ennemis clairement ciblés, pas contre le peuple. Nous en avons discuté quatre ou cinq fois avec le gouvernement érythréen », a-t-il poursuivi.
Des résidents du Tigré ont rapporté à des organisations de défense des droits de l’homme et des journalistes des massacres et des violences sexuelles perpétrés contre des civils par les forces de sécurité, dont des troupes érythréennes, selon l’AFP.
Le Premier ministre Abiy, prix Nobel de la paix 2019, a lancé début novembre une intervention militaire visant à renverser le parti au pouvoir dans cette région du Nord du pays, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), dont il a accusé les forces d’avoir attaqué des bases de l’armée fédérale.
Il a proclamé la victoire le 28 novembre mais certains des dirigeants du TPLF sont en fuite et ont promis de continuer à se battre. Selon le chef du gouvernement éthiopien, les autorités érythréennes affirment que le TPLF les a poussées à entrer dans la bataille « en tirant des roquettes » sur leur pays depuis l’autre côté de la frontière.