Cinq hauts responsables d’un des principaux partis d’opposition oromo, l’ethnie la plus importante d’Ethiopie, ont été arrêtés depuis les violences qui ont fait 166 morts la semaine dernière. Ces violences ont déclenché de nombreuses arrestations, notamment parmi les voix critiques du gouvernement.
Cinq cadres du parti, dont deux conseillers politiques, Chaltu Takkele et Gemmechu Ayana, et un membre du comité central, Kennesa Ayana, avaient été arrêtés ces derniers jours par les forces de sécurité à Addis Abeba, selon le président du Front de libération Oromo (OLF) Dawud Ibsa, cité par l’AFP. « Nous ne savons pas pourquoi ils ont été appréhendés », a expliqué Dawud Ibsa.
La capitale éthiopienne Addis Abeba et la région Oromia qui l’entoure ont été la semaine dernière le théâtre de la pire flambée de violences depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed en 2018, lui-même issu de l’ethnie oromo.
Ces violences ont été déclenchées par le meurtre du très populaire chanteur Hachalu Hundessa, porte-drapeau de l’ethnie oromo, abattu de plusieurs balles par des inconnus dans la soirée du 29 juin à Addis Abeba.
Selon un nouveau bilan communiqué samedi par la police régionale de la région Oromia, 145 civils et 11 membres des forces de sécurité ont perdu la vie dans ces violences, auxquels sont venues s’ajouter 10 victimes à Addis Abeba, soit 166 morts en tout.
Plus de 160 personnes ont également été gravement blessées et près de 1.100 arrêtées, toujours de source policière. Cinq personnes ont été arrêtées en lien avec le meurtre du chanteur, mais les autorités n’ont pas donné de précisions sur ces suspects.
Le calme est revenu depuis vendredi dans la capitale où l’internet demeurait toujours coupé. Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de Paix 2019 pour ses efforts de réconciliation avec l’Erythrée et pour l’ouverture de l’espace politique dans son pays, avait levé l’interdiction qui pesait sur l’OLF peu après avoir pris ses fonctions en 2018.
C’est dans ce contexte de fortes tensions que le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, avec quelque 110 millions d’habitants, se prépare à tenir des élections générales dans les prochains mois. Le scrutin, initialement prévu en août, avait été reporté sine die en raison de la pandémie de coronavirus, un report qui alimente aussi les tensions actuelles.