Les forces tigréennes, qualifiées de « rebelles » par le gouvernement éthiopien, ont reconquis la capitale de la province, Mekele.

Et, ont ainsi, infligé un revers cinglant aux forces fédérales du Premier ministre Abiy Ahmed.

Ce dernier est en train de perdre la guerre du Tigré qu’il annonçait rapide comme « une opération policière ».

Il est vrai que, dans un premier temps l’armement supérieur des soldats fédéraux, soutenus par les militaires de l’Erythrée,(pays voisin de la région du Tigré), avait fait la différence, permettant à Addis Abeba de crier victoire face aux « rebelles » qui s’étaient enfuis dans les montagnes.

C’était il y a 8 mois et depuis le conflit s’enlise et la capacité de résistance des tigréens en étonne plus d’un.

Le Premier ministre éthiopien n’a pas tenu compte de ce qu’on peut appeler « la dimension historique », qui est un facteur incontournable dans toute analyse de l’évolution politique de l’Ethiopie.

Ce pays est, avec le Libéria, le deuxième pays africain qui n’a presque jamais été colonisé, ni soumis à un régime de protectorat.

Les Italiens qui avaient essayé d’imposer leur joug, y ont subi deux défaites  mémorables contre l’empereur Ménélik II en 1896 et contre Hailé Sélassié, allié aux britanniques et aux français, dans une lutte qui commença en 1935 pour s’achever en 1941, avec la libération d’Addis Abéba, en pleine deuxième guerre mondiale.

Toutefois l’unité nationale de l’Ethiopie ne se réalisa jamais, du fait des oppositions entre communautés ethniques.

Si les Oromos et les Amharas y sont majoritaires, les Tigréens y demeurent, (avec 15%), une minorité qui compte et qui a géré le pouvoir pendant 30 ans.

Cette gestion incarnée par l’ancien Premier ministre, le défunt Meles Zenawi, a permis aux Tigréens de renforcer leur capacité militaire et de s’enrichir.

Une telle communauté n’est pas facile à battre et à écraser.

Abiy Ahmed est en train de l’apprendre à ses dépens, et il vient de subir une défaite humiliante, avec la reconquête de la capitale du Tigré .

Non seulement, il a perdu son pari de soumettre les tigréens rapidement ; mais il a terni, à jamais son image d’homme de paix, couronné par le jury du Prix Nobel qui lui a attribué Le PRIX NOBEL DE LA PAIX 2019.

Comme Aug San Suuki, pour d’autres raisons, il va devenir un « pestiféré » de la Communauté internationale, s’il continue la répression criminelle au Tigré.

Le cessez-le feu qu’il vient d’imposer de manière inconditionnelle est plus un signe de faiblesse qu’autre chose.

Il devrait savoir, que dans l’histoire de son propre pays, les campagnes menées contre les régions ont toujours échoué, dans le long terme.

L’indépendance de l’Erythrée, reconnue par l’Union africaine, est emblématique à cet égard ; car l’UA a été obligée de faire « une dérogation » pour mettre de côté son sacro-saint principe de « l’intangibilité des frontières » héritées de la colonisation.

La campagne contre le Tigré ne va pas prospérer parce que ces gens là ne vont pas  abdiquer et ce, d’autant plus qu’ils ont les moyens et la bravoure pour continuer le combat.

Abiy Ahmed est piégé et doit trouver une porte de sortie.

En sollicitant, par exemple, une médiation Onusienne, ou encore, celle de l’UA, dont le siège se trouve à AddisAbéba.