Rien ne va plus en Ethiopie, où les pays occidentaux demandent à leurs ressortissants de plier bagages.

Après les USA et le Royaume Uni , la France aussi, a exigé de ses citoyens qu’ils quittent le pays.

L’ONU a décidé d’exfiltrer ses diplomates et leurs familles.

Ces mouvements de panique sont parfaitement justifiés, face à la dégradation de la situation sécuritaire, consécutive à l’avancée inexorable des rebelles tigréens et des forces oromos alliées, pour conquérir la capitale Addis Abéba.

Ces rebelles sont à deux cents kilomètres de l’objectif et la dernière déclaration de Aby Ahmed ,Premier ministre éthiopien ,est alarmante.

En effet, il exhorte ses compatriotes à prendre les armes et à se rendre au front pour sauver la patrie.

Et ,pour donner le bon exemple ,il se dit mobilisé pour aller, sur place, assurer le leadership de ses troupes.

L’homme est aussi un militaire, doublé d’un universitaire ; mais son initiative semble désespérée, car l’avancée des redoutables combattants tigréens (qui ont été le fleuron de l’Armée ,pendant trois décennies), est fulgurante et paraît difficile à stopper par les forces fédérales.

Les tigréens ont pris l’ascendant et la seule voie de salut ,pour Aby ,aurait été de saisir la main tendue par des représentants de la communauté internationale, comme les Américains.

Il a fait un autre choix, guerrier, dont il n’a pas les moyens. D’où son appel nationaliste qui pourrait ne pas rencontrer l’écho populaire souhaité.

Pour le moment ,la situation se dégrade très rapidement et l’issue de la confrontation devrait être défavorable au régime en place.

Les Occidentaux ,qui ont choisi de s’en laver les mains, prédisent le chaos.

C’est pourquoi ,ils évacuent leurs citoyens ,y compris par des vols réguliers.

Cette montée des périls est une très mauvaise nouvelle pour l’Ethiopie et toute la Corne de l’Afrique ,voire le continent tout entier.

Addis Abéba est le siège de l’Union africaine et l’Ethiopie est un symbole pour toute l’Afrique ,un pays fier qui a su se préserver des griffes du colonialisme et qui était en train d’amorcer un décollage économique prometteur.

Ce pays qui est le deuxième le plus peuplé du continent sombre ainsi dans un chaos qui aurait pu être évité ,si Aby était resté le Prix Nobel de la paix qu’il a été.

S’il n’avait pas mal jugé la détermination des Tigréens, à obtenir plus d’autonomie.

Le dialogue aurait été l’arme la plus efficace ,pour proposer et mettre en œuvre une décentralisation plus poussée.

La partition avec l’Erythrée , actée et reconnue par l’UA (ce fut une première),aurait dû mettre la puce à l’oreille du Premier ministre.

Une connaissance approfondie de l’histoire de son pays ,l’aurait aiguillé à agir ,avec plus de lucidité.

L’Ethiopie n’est pas une nation ; elle est composée de « communautés ethniques farouchement attachées à leur singularité » et qui l’ont démontré ,durant plusieurs siècles de confrontations avec les Négus (empereurs).

La nouvelle crise tigréenne en est une illustration qui pourrait abréger le deuxième mandat que vient d’avoir Aby.

Sauf retournement extraordinaire ,la lutte finale qui se dessine n’annonce rien de bon pour le régime en place.

Lorsqu’un gouvernement est sur la défensive ,face à des forces dopées par des séries de victoires ,il est au bord du précipice.

Aby joue sa survie politique, et même sa peau.

Peut-on encore sauver le soldat Aby ? Rien n’est moins sûr !