Les Etats Unis viennent de décider une suspension de l’aide financière à l’Ethiopie. Cette suspension, qui n’a pas été chiffrée, est liée à l’absence de progrès dans les négociations avec l’Egypte et le Soudan au sujet du méga-barrage


« En raison de la décision unilatérale de l’Ethiopie de remplir le Grand barrage de la Renaissance (le Gerd, méga-barrage construit par Addis Abeba sur le Nil) sans accord avec l’Egypte et le Soudan », le secrétaire d’Etat Mike Pompeo, conformément aux instructions du président Donald Trump, « a décidé de suspendre temporairement une partie de l’aide à l’Ethiopie », a déclaré un porte-parole de la diplomatie américaine. Il n’a pas précisé combien d’argent était concerné, ni la durée de la suspension.

« Les Etats-Unis sont de plus en plus préoccupés par l’absence de progrès dans les négociations sur un accord trilatéral sur le remplissage et la gestion du Gerd », a-t-il ajouté dans une déclaration à l’AFP.

Addis Abeba estime que cet ouvrage est essentiel à son développement économique et à son électrification tandis que Khartoum et Le Caire craignent que le futur plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, haut de 145 mètres, ne restreigne leur accès à l’eau. Le Soudan et l’Egypte insistent également sur le fait qu’un accord « doit inclure un mécanisme pour résoudre les disputes qui pourraient surgir » entre les trois pays.

Jusqu’à présent, l’Ethiopie refuse un éventuel mécanisme, considérant que le barrage -dont la construction a commencé en 2011- lui appartient. Les multiples réunions ministérielles entre les trois pays ont jusqu’ici échoué à aboutir à un accord, y compris une série de rencontres organisées à Washington sous l’égide du gouvernement américain. Le Soudan a proposé samedi un sommet des dirigeants pour sortir de l’impasse, encore constatée lors d’une nouvelle session de pourparlers fin août.

Addis Abeba a procédé cette année à la première phase du remplissage du réservoir du barrage, à un niveau permettant de tester les deux premières turbines, une étape cruciale pour qu’il commence à produire de l’énergie.

Washington a expliqué que la suspension de l’aide reflétait son « inquiétude » face à cette décision, estimant qu’un remplissage « avant que toutes les mesures de sécurité soient en place » faisait courir «de graves risques aux populations des pays en aval ».

« Procéder au remplissage pendant que les négociations étaient en cours sape la confiance des autres parties », a ajouté le porte-parole du département d’Etat, accusant le gouvernement éthiopien de n’avoir pas respecté ses « engagements » à attendre l’issue des discussions menées par l’Union africaine.