Le régime éthiopien a autorisé des bombardements aériens sur la capitale de la région du Tigré, qui ont provoqué la mort de 3 personnes et de nombreux blessés.

Le gouvernement du Premier ministre Aby Ahmed avait nié l’information dans un premier temps, avant de la confirmer.

Et d’affirmer que des réseaux de communications du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) étaient visés.

La vérité est que, depuis sa défaite retentissante en juin dernier, l’armée fédérale éthiopienne cherche à rebondir, en essayant d’affaiblir les rebelles tigréens qui ont reconquis la quasi totalité de la région séparatiste.

Incapable de s’imposer au sol, Addis Abeba choisit, maintenant la voie des airs, où il a une supériorité manifeste.

Mais, cette escalade fait davantage de victimes collatérales, notamment chez les populations civiles, qui paient déjà un lourd tribut dans ce conflit sanglant.

Au mois de juin dernier, une attaque aérienne des forces fédérales avait tué 64 personnes dans un marché.

Depuis le début du conflit, deux millions  d’habitants de la région du Tigré, ont fui  leurs foyers et des milliers se sont réfugiés au Soudan et dans d’autres régions éthiopiennes.

En ce moment même, le conflit s’étend à d’autres localités .

Le recours à l’aviation est signe d’une volonté de revanche d’Aby Ahmed, dont les troupes ont été humiliées par le TPLF qui en a capturé des milliers lors de la reconquête couronnée de succès, qui a obligé les soldats fédéraux à battre en retraite.

Aby Ahmed n’a pas les moyens militaires pour écraser les Tigréens, soldats aguerris qui ont constitué l’élite de l’armée fédérale, pendant des décennies.

Le Premier ministre éthiopien doit inviter les Tigréens au dialogue et abandonner sa stratégie contre-productive d’usage massif de la force, qui a échoué.

Ce serait une meilleure manière d’entamer son nouveau mandat de chef de l’Exécutif fédéral.

Il  honorerait ainsi son titre de Prix Nobel de la Paix, car, jusqu’ici, ses actes trahissent  l’idéal que magnifie cette distinction prestigieuse.

Expulser des représentants d’ONG humanitaires ne le grandit pas, non plus.

Ces derniers avaient révélé les exactions perpétrées par les soldats éthiopiens et la situation de famine qui se développait dans certaines localités du pays.

Imposer le silence à tout le monde, n’est pas une pratique acceptable, et encore moins en démocratie.

Réélu, Ahmed a les moyens démocratiques de changer la donne, par une relance du dialogue national, dans un pays où l’unité nationale reste problématique.

Pourtant l’Ethiopie actuelle est en train de décoller économiquement et pourrait conquérir une place éminente en Afrique, où elle est l’un des pays les plus peuplés (115 MILLIONS d’habitants), avec un taux de croissance exceptionnel qui a atteint les 10%, pendant plusieurs années, avant la pandémie de la Covid.

Le conflit du Tigré menace tous ces acquis .

Il faut le résoudre par la seule et unique  arme efficace, dans ce contexte spécifique, celle du dialogue sincère.

Dans l’intérêt bien compris de l’ensemble des composantes ethniques du pays.