Le pays des Pharaons est dans le creux de la vague. L’embellie économique de la première année au pouvoir du maréchal Al Sissi a laissé place à une inquiétude tenace. La rareté des devises étrangères, du dollar en particulier, préoccupe.

Le tourisme attaqué

Cette situation s’explique par la chute de l’industrie touristique plombée par les attentats terroristes. Comme en Tunisie, les Occidentaux se font rares et les Russes qui fréquentaient beaucoup les complexes situés sur les bords de la Mer Rouge ne viennent plus depuis l’explosion en plein vol d’un de leurs avions.
L’attentat a été confirmé par la revedication des terroristes de Daech. 224 personnes y ont perdu la vie et l’organisation terroriste a atteint son objectif de frapper de terreur les esprits. Si les avions peuvent être atteints, la sécurité des touristes n’est pas garantie.

Une économie peu diversifiée et subventionnée à l’international

Depuis, l’Etat égyptien a certes renforcé les contrôles, mais le mal est déjà fait. Sans oublier les nombreuses attaques terroristes qui ont ciblé les Occidentaux ces dernières années dans différents sites très fréquentés. L’objectif est clair : ruiner l’économie égyptienne qui repose essentiellement sur le tourisme. Le secteur a rapporté six milliards de dollars en 2013 contre cinq milliards de dollars générés par le Canal de Suez. Une autre source de revenu est l’aide américaine d’1,3 milliards de dollars par an et celle octroyée par l’Arabie saoudite et les pays du Golfe. Ces pays s’étaient engagés à donner douze milliards de dollars en 2013 et en ont débloqués cinq jusqu’à présent.

Les grands travaux au secours de la relance

Le Qatar a suspendu son aide depuis la déchéance du président Mohamed Morsi. Le programme de l’Union européenne est bloqué. Le FMI a conclu un accord pour un prêt d’un montant de 4,8 milliards de dollars.

Pourtant le président Al Sissi avait réussi à redresser la barre avec le lancement de grands travaux, notamment ceux de l’agrandissement du Canal de Suez. L’espoir était permis car une véritable relance économique avait pris forme. Malheureusement, les tensions politiques et la chute des prix du pétrole combinées avec les méfaits des terroristes ont imposé un coup d’arrêt brutal.

Défis politiques et sociaux : du chemin à faire

Toutefois le volontarisme du pouvoir est à noter, non seulement pour relever le défi économique mais aussi pour apaiser les tensions politiques. Même si les élections législatives de novembre 2015 ont connu une faible participation avec un taux de 28 %. Il y a donc du chemin à faire pour ramener calme et sérénité dans le pays. Le dialogue est le chemin obligé, car l’Egypte, plus grand pays arabe par sa population – plus de 86 millions d’habitants – est confronté à des challenges pharaoniques : 40 % de sa population en-dessous du seuil de pauvreté, les coupures de courant, le manque d’intrants, la dégringolade des prix du pétrole – l’or noir compte pour 13 % des exportations égyptiennes – entre autres.

Des raisons d’espérer

Si les difficultés sont nombreuses, les raisons d’espérer le sont aussi : projets publics d’envergure dans les domaines de l’électrification, dessalement de l’eau de mer, mines, etc. qui vont à terme booster l’économie nationale.

Pour le moment Al Sissi doit gérer la situation comme un manager de transition dans un contexte de crise. La baisse drastique des revenus de l’Etat l’oblige à trouver des solutions d’urgence dans un contexte difficile pour ses alliés arabes, eux aussi confrontés à l’effondrement des prix du pétrole.

Assurer la sécurité des 10 millions de touristes annuels

Faire revenir les touristes en masse est une nécessité vitale pour l’Egypte. Pour les touristes du monde entier, visiter ce berceau de la civilisation humaine est un rêve. Ce n’est donc pas un hasard si ce pays accueille en moyenne dix millions de touristes par an. Garantir leur sécurité devrait être une cause nationale.

Une locomotive continentale et régionale

Il y aussi le fait que le plus grand pays arabe est aussi la troisième puissance économique africaine derrière le Nigéria qui est en tête et l’Afrique du Sud qui est en deuxième position.

L’Egypte est donc l’une des locomotives du continent sur le plan économique. Son émancipation économique va impacter positivement non seulement l’Afrique du Nord mais aussi le Proche Orient et la zone méditerranéenne.