Les attaques répétées contre la minorité copte constituent un défi à l’ensemble de la société égyptienne. Car la minorité copte(environ 10% des 90 millions d’Égyptiens) est la plus forte de l’ensemble des communautés chrétiennes vivant au Proche et au Moyen –Orient.
La volonté clairement exprimée de la branche de l’EI(Etat islamique) dans le pays des Pharaons est de l’éradiquer par des assassinats tous azimuts qui pousseraient les populations ciblées à fuir et à s’exiler. Comme c’est déjà le cas dans beaucoup de pays arabes. En clair, l’E.I engage une campagne de « purification ethnico-confessionnelle » qui n’est rien d’autre qu’un génocide. La solidarité de l’immense majorité des Egyptiens et même la visite du Pape François n’ont en rien freiné les ardeurs criminelles des islamistes. Au contraire !
L’attaque du bus qui vient de faire 29 morts et de nombreux blessés est spectaculaire et cherche à frapper les esprits pour y propager la terreur. L’Etat égyptien a donc voulu réagir avec force en bombardant les localités situées en Libye où se terrent les combattants islamistes.
Il est vrai que la présence en Libye de terroristes islamistes venant de tous les horizons à la suite de la chute de Kadhafi fait de ce pays un sanctuaire et un repaire pour les criminels. Les divisions entre factions libyennes, notamment entre les partisans du maréchal Haftar soutenu par l’Egypte et ceux du premier ministre El Sarraj bénéficiant de l’appui des Occidentaux facilitent l’infiltration des jihadistes qui y contrôlent encore des places fortes.
La question cependant est de savoir si l’opération militaire égyptienne est vraiment efficace. Parce qu’il a aussi des islamistes en guerre contre le régime de Fatah Al Sissi sur le territoire égyptien depuis le coup d’Etat contre le président Mohamed Morsi et même bien avant.
Le danger islamiste en Egypte n’est donc pas spécifiquement extérieur. C‘est aussi un problème intérieur et de lutte à mort entre un régime militaire et des groupes islamistes dont les Frères musulmans et maintenant l’E.I.
Les Coptes, en vérité, sont des victimes collatérales, des cibles des fondamentalistes qui haïssent tout ce qui ne leur ressemble pas. En réalité ils n’ont aucun respect pour l’être humain, sa liberté pourtant clairement affirmée dans le Livre saint des musulmans.
Le Pape François l’a dit en Egypte : « aucune violence ne peut être faite au nom de la religion ». Il a raison même si, malheureusement cela a été le cas depuis des temps immémoriaux : de l’Inquisition, aux massacres des Indiens d’Amérique, à l’esclavage, les guerres de religion en Europe, les Croisades, la colonisation etc. Il faut donc repenser l’Histoire et mettre l’accent sur l’éducation pour l’acceptation de la diversité, de la liberté et de la démocratie.
Lutter contre les inégalités fait aussi partie du défi à relever. Les extrémistes comme les islamistes prospèrent sur la misère des gens et l’obscurantisme. Avec 90 millions d’habitants l’Egypte résume toutes les difficultés que les pays arabes et africains doivent vaincre pour sortir de l’ornière. L’expérience démocratique n’a pas été concluante. Mais faut-il l’abandonner pour autant ? La répression est-elle la panacée ? Il est permis d’en douter.
Certes il faut faire la guerre aux terroristes et les réduire. Mais, en même temps il urge de former les citoyens d’aujourd’hui et de demain par l’éducation. Le nombre n’est pas un obstacle insurmontable. L’exemple des USA, malgré toutes les limites du système, est à magnifier. L’Egypte doit trouver sa propre voie pour vaincre le péril islamiste et sauver les Coptes qui font partie de son âme.