Les deux attentats terroristes revendiqués par l’Etat islamique qui ont déjà fait 44 mors hier à Alexandrie et Tanta(à cent kilomètres du Caire) ont poussé le chef de l’État égyptien à décréter l’État d’urgence. Cette mesure est bienvenue pour calmer la situation et rassurer les populations de manière ponctuelle. Mais il faudrait une action en profondeur pour pacifier la société dans son ensemble.

On peut être sceptique quant à la capacité du pouvoir en place de faire ce qu’il faut dans ce sens. D’abord parce qu’il est anti démocratique et ensuite il ne compte que sur la répression dont les limites sont évidentes. Autrement ses actions outrancières qui ont foulé au pied les droits de l’homme les plus élémentaires auraient dû terroriser…les terroristes.

Le résultat obtenu est l’exact contraire car comme le faisait remarquer Nicolas Machiavel la cruauté et les exactions de la part du détenteur du pouvoir finissent par révolter le peuple. En Egypte Islamistes et pouvoir militaire sont dans une bataille à mort depuis l’assassinat du président Sadate. Et même bien auparavant !

La parenthèse démocratique avec l’élection du président Morsi a débouché sur une révolte populaire du fait des dérives du nouveau président islamiste. Les militaires en ont profité pour reprendre les rênes et ne plus les lâcher. Au prix d’une répression sanglante qui continue.

Acculés, les islamistes recourent à la surenchère terroriste en ciblant les coptes mais l’objectif ultime est la société dans son ensemble.

La revendication de DAECH pourrait signer une « co-production » avec les frères musulmans égyptiens qui sont aux abois dans le pays.

À l’évidence il y a des internationales terroristes qui cherchent à chasser les chrétiens de tous les pays majoritairement musulmans au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Pour imposer une chape de plomb obscurantiste sur tous ces territoires. Cette entreprise participe d’une volonté d‘écraser toute ambition démocratique et la consolidation de sociétés pluralistes, multi-confessionnelles et libres. La terreur a pour but de semer chaos et désolation pour frapper les esprits et secouer les Etats.

Le président Al Sissi n’a pas de réponse efficace sur le plan politique car il n’est pas un vrai démocrate. Il est vrai que si les scrutins sont libres et transparents ; ils risquent d’être favorables aux islamistes pour la bonne et simple raison qu’ils sont ceux qui occupent le créneau social et aident autant que faire se peut les populations. Leur popularité n’a pas pour source l’adhésion à leur message religieux mais est le fruit de leur action de solidarité sociale.

La répression n’est pas une solution ; l’état d’urgence non plus.

Certes il faut combattre avec détermination et sans faiblesse aucune les terroristes sanguinaires ; mais il faut aussi mettre en exergue l’idéal démocratique. Quelles que soient les faiblesses du régime démocratique il reste le « meilleur à l’exception de tous les autres ».

La lutte contre le terrorisme ne saurait être un alibi pour imposer la dictature.

L’Egypte est un pays complexe qui fait face à des défis redoutables. Y enraciner la démocratie est une œuvre de très longue haleine. Elle n’est pas impossible à réaliser. Il faut en avoir la volonté politique. Le président Fatah Al Sissi ne semble guère être préoccupé par ce challenge. Son choix c’est l’impasse de la répression et donc de la violence.