La révélation de l’enregistrement de la conversation téléphonique entre le président de l’Assemblée ivoirienne Guillaume Soro et le haut diplomate burkinabé Djibrill Bassolé est l’œuvre du premier ministre de transition le lieutenant-colonel Isaac Zilda.

Soro aux prises avec ses ennemis

Le premier ministre en intérim a fait le tour des capitales ouest-africaines pour faire écouter la conversation en question aux leaders politiques.
Ensuite, très curieusement, l’enregistrement est passé dans le domaine public.
Les soupçons portent logiquement sur les ennemis politiques du président de l’Assemblée nationale de Côte-d’Ivoire. C’est surtout vers Hamed Bakayogo que les regards se tournent, sans qu’aucune preuve irréfutable n’ait pu être donnée.

La justice française s’ingère

Cette affaire n’est qu’une pierre parmi d’autres dans le jardin du président du Parlement ivoirien. Guillaume Soro doit faire face à la convocation d’un juge parisien suite à une plainte de Michel Bagbo, fils de l’ancien président Laurent Bagbo.
La démarche du juge français est pour le moins inconvenante. En tant que président de l’unique Chambre parlementaire de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro est le deuxième personnage de l’Etat ivoirien.
Peut-on imaginer qu’un juge africain convoque le président de l’Assemblée nationale française ? La Côte d’Ivoire doit réagir vigoureusement contre cette démarche qui bafoue la souveraineté de son Etat.
Un ministre algérien a récemment été “palpé” dans un aéroport parisien. Cela avait déclenché à très juste titre les foudres de l’Etat algérien. Le gouvernement français avait dénoncé publiquement ce grave incident afin de calmer les officiels algériens.

Les juges sont certes libres et indépendants. Mais les Etats sont une réalité incontournable.

Sylvie Tagro : une épouse, un atout

Guillaume Soro est marié à Sylvie Tagro. Mme Tagro-Soro est originaire du même village que Laurent Bagbo, à savoir Gagnoa – capitale du Gôh, région du centre-ouest ivoirien.
Elle fait fait beaucoup sur place sur le plan social avec la fondation de son époux.
C’est un atout exceptionnel pour Guillaume Soro, qui pratique le mécénat depuis longtemps.

Politique et considérations ethniques

Si l’actuel numéro deux de Côte d’Ivoire est membre de l’ethnie minoritaire Sénoufo, son épouse devrait lui apporter le soutien des Bétés. Par ailleurs, ses relations très cordiales avec Henri Konan Bédié peuvent lui faire espérer du côté des Baoulés.

Les forces en présence

Si rien n’est perdu pour le moment pour Guillaume Soro, il faut reconnaitre que le défi sera de taille face au PDCI de Bédié et au très déterminé Hamed Bakayogo (RDR, au pouvoir) qui est comme un fils pour le couple Ouattara.
Bakayogo a en outre la puissance du ministère de l’Intérieur et des moyens conséquents.
Quant à Soro, il a ses anciens amis « comzones » recyclés dans l’administration, notamment territoriale. Mais d’aucuns pourraient être retournés.

En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara vient tout juste d’être réelu à la présidence. Déjà toute la scène politique ne parle que de sa succession. La bataille sera longue. Personne n’est aujourd’hui en mesure d’en prédire la conclusion.

Crédit Photo : “Guillaume Soro janvier 2011” par The Daily Maverick (CC BY 3.0 via Wikimedia Commons)