Dans son livre intitulé : «Ils savent que je sais tout », Robert Bourgi a évoqué avec de forts arguments, la

crise politique en Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo. C’est ainsi qu’il a rappelé les largesses de l’ancien

président ivoirien à l’égard de Jacques Chirac. « Le Chef d’Etat français me demandait de l’argent » a re-connu Gbagbo lors de son émission avec Alain FOKA. Il a déclaré avoir remis 02 milliards de FCFA à Jacques Chirac. Cette déclaration confirme et crédibilise tout l’ouvrage de Robert Bourgi qui a décidé d’adresser

un message à son ami et frère Laurent.

 

 

 

 

Bonjour, mon frère Laurent.

J’ai écouté, avec intérêt, plaisir et beaucoup d’attention ton interview avec le pertinent Alain Foka. J’ai apprécié. Te regardant, j’ai retrouvé le Laurent que j’ai bien connu, du temps passé lointain.

Nous nous voyions régulièrement à Abidjan. Tu étais professeur d’histoire à la faculté des Lettres. J’étais professeur de droit à la faculté de Droit. Quelque chose que je n’oublierai jamais, frangin, c’est la conférence-débat que nous avons donnée dans l’amphithéâtre de la faculté de Droit sur De Gaulle et la conférence de Brazzaville. Rappelle-toi, l’auditoire était conquis, une adhésion complète à tes propos et à ta personne. Mais je n’étais pas la brebis galeuse. J’avais aussi mon petit succès.

Et au cours du débat, je t’avais dit, te regardant, et regardant la centaine d’auditeurs, que tu étais aussi un admirateur du Général De Gaulle. Et rappelle-toi comme nous avons fêté l’après-conférence à la maison, à la Riviera, chez moi, force Champagne et Vodka.

Les années ont passé. Tu as été emprisonné par le vieux. Et je t’ai manifesté ma fidélité et mon soutien. Tu m’avais même envoyé une gentille lettre de reconnaissance.

Les années ont passé. Et le bon et le mauvais se sont mêlés. Et aussi l’obscure, et ton séjour à la Haye. Tu avais toutes les raisons de m’en vouloir. Mais je n’étais pas bien loin, Laurent. Je ne t’ai jamais trahi. Je ne t’ai jamais manqué. Il fallait s’appeler Robert Bourgi pour tenir les propos que j’ai tenus à Monsieur Chirac, à Dominique de Villepin, puis au Président Sarkozy. N’est-ce pas moi qui ai organisé ta première rencontre avec Sarkozy à New York ? N’est-ce pas moi qui ai organisé ta rencontre avec Sarkozy à Lisbonne ? J’ai tout fait pour vous rapprocher. Mais je n’ai rien pu faire contre certaines forces que je qualifierai d’obscures.

Dans ma famille, le reproche m’a été fait de ne pas être allé te rendre visite à la Haye, où j’allais voir Jean-Pierre Bemba, emprisonné dans la même prison. Mais je savais que mon frère Albert allait te voir, et je craignais d’aller te voir, Laurent, parce qu’on avait dit tellement de choses inexactes sur moi. Que je t’avais trahi. Que je t’avais trompé. C’est mal me connaître, Laurent. C’est mal me connaître. La fidélité est en moi, mais quand on me manque, je foudroie. Certaines personnes en France en savent quelque chose.

Mais aujourd’hui, le temps est venu de se retrouver, de se parler à nouveau. Moi, l’aîné, je suis ton aîné d’un mois, je te tends la main et je te demande pardon pour toutes les actions que tu as pu me reprocher mais parfois à tort.

Tu es historien, Laurent. Rappelle-toi la rencontre, en septembre 1958, à Colombey-les-Deux-Églises, entre le Général De Gaulle et le Chancelier allemand Konrad Adenauer. La France et l’Allemagne s’étaient fait la guerre, des centaines de milliers de morts. Et, les deux géants de l’Histoire se sont retrouvés à Colombey-les-Deux-Églises, et Adenauer a été le seul Chef d’Etat au monde à avoir été reçu à Colombey.

Je te tends la main. Accepte-la.

Nous allons bientôt vers nos quatre-vingts ans, et nous avons encore des choses à faire. Je sens, dans ton pays, un appel profond dans ta direction.

Accepte la main que je te tends.

Je t’embrasse, vieux frère.

À très bientôt, je l’espère.

 

Ton frère Robert BOURGI