Le président Alassane Ouattara a reçu l’ex-président Laurent Gbagbo au palais présidentiel, à Abidjan, hier mardi.
A l’évidence, il faut se réjouir de cette rencontre au sommet, entre le président ivoirien, Alassane Ouattara et son ex-rival, Laurent Gbagbo, qui marque un pas positif, sur le long chemin de la réconciliation nationale.
Aujourd’hui, la glace est brisée entre deux rivaux qui ne s’étaient plus vus depuis une décennie.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, mais les cicatrices de la guerre civile qui a fait plus de 3000 morts, ne sont pas encore, totalement refermées.
Des victimes et parents de victimes se sont fait entendre, pour dénoncer le fait que la justice ne suive pas son cours normal.
Ouattara a affirmé que la « crise est derrière nous » ; pas si sûr, car Gbagbo a souhaité la libération des personnes « dont il était le leader » et qui sont toujours en détention.
Lui-même n’a pas encore été amnistié, de sa condamnation à 20 ans, suite au « casse de la BC EAO ».
Du côté de Ouattara, la volonté de réconciliation est réelle et les actes qu’il a posés : retour de Gbagbo, après délivrance d’un passeport diplomatique et d’un passeport ordinaire en Belgique, l’accueil autorisé, les déplacements aussi, le confirment.
En ce qui concerne Gbagbo, l’attitude est plus difficile à lire : il a critiqué les élections présidentielles, tout en ayant participé aux législatives qui ont suivi et a accusé des « puissances étrangères » (sans les nommer), qui l’ont écarté parce qu’il était gênant.
Il a montré qu’il se positionnait en opposant et va donc continuer le combat politique.
La question est de savoir si une telle option est compatible avec une démarche de réconciliation sincère ?
Comment mobiliser les troupes Bété, autrement que par des discours qui ne sont pas politiquement corrects. Et qui pourraient raviver les flammes d’un passé de sinistre mémoire ?
La rencontre du jour est apaisante, mais apparaît plutôt, comme un round d’observation.
Ouattara a annoncé qu’elle serait suivie d’autres, pour bâtir une relation de confiance.
Il faut souhaiter que cet objectif soit atteint pour mieux enraciner la paix en Côte d’Ivoire.
Gbagbo et Ouattara doivent s’inspirer de l’action politique de Houphouet Boigny, qui a réussi le miracle ivoirien, qui était économique et politique.
Le pays avait atteint une croissance économique exceptionnelle et une ouverture qui ne l’était pas moins.
Ce pays est devenu un symbole et devrait le rester.
Mais il y a 10 ans, l’impensable, la guerre civile, l’a balafré.
C’est bien cette blessure historique que Ouattara, Gbagbo, mais aussi Bédié et tous les autres leaders politiques et coutumiers doivent soigner. Ensemble !
Et dépasser, ainsi, une guerre des « ego », suicidaire.
Une heure de rencontre, accueil et salutations compris, c’est juste un bon début.