L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo est face à la Cour pénale internationale (CPI) depuis ce mercredi 28 février. C’est donc le moment de vérité pour l’ex-homme fort d’Abidjan qui avait rejeté les résultats de l’élection présidentielle dans son pays en 2010 qui avaient désigné son rival Alassane Ouattara vainqueur. Il s’en était suivi des violences terribles qui ont causé la mort de 3000 personnes.

Marathon judiciaire en vue

Arrêté grâce à une intervention militaire française, Gbagbo a d’abord été détenu en Côte d’Ivoire avant d’être transféré à la Haye – aux Pays Bas, siège de la CPI – où il est détenu depuis 2011.

Le procès qui vient de commencer va durer entre trois et quatre ans selon certains spécialistes. C’est donc un véritable marathon judiciaire qui se pofile, et qui va avoir des répercussions sur la situation politique en Côte d’Ivoire où le président déchu compte de nombreux partisans.

726 victimes sont reconnues par la CPI qui poursuit Gbagbo pour crimes contre l’humanité.

Plaider non coupable face à 5 000 éléments de preuves

La procureure de la CPI Fatou Bensouda a été directe et très sévère envers l’accusé en déclarant devant la Cour que : « Lorsqu’il a compris que la présidence allait lui échapper, Laurent Gbagbo, en concertation avec des membres d’un cercle privé de proches, a commencé à mener une campagne de violences orchestrées contre ceux considérés comme ses opposants ». Elle envisage de présenter plus de 5000 éléments de preuves pour étayer ses accusations.

Gbagbo a décidé de plaider non coupable et semble déterminé à vendre cher sa peau.

Une justice internationale partiale ?

Ses défenseurs vont surtout mettre en exergue la partialité des accusateurs qui n’ont pas ciblé les auteurs de violences proches du camp des vainqueurs, à savoir celui du président en place Alassane Ouattarra.

Mme Bensouda se défend d’agir de manière sélective mais des ONG comme Human Rights Watch dénoncent la non arrestation des personnes coupables de crimes contre l’humanité membres du RDR – Rassemblement Des Républicains, le parti du président Ouattarra.

A noter que Charles Blé Goudé, qui s’était illustré comme l’un des militants les plus virulents pour défendre le régime Gbagbo comparaît aussi devant la CPI au même titre que son mentor.

Enjeux au-delà du simple procès

Ce procès qui va s’éterniser sera aussi l’occasion de s’interroger sur la CPI et son inclination à cibler tout particulièrement les Africains. Il aura un impact sur l’évolution du climat politique en Côte d’Ivoire.

Aux juges de la CPI de démontrer leur indépendance pour trancher le plus objectivement possible. Afrique Cconfidentielle scrute l’événement pour vous en rendre compte le plus fidèlement.

 

 

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