A l’approche d’une élection présidentielle à haut risque en Côte d’Ivoire, l’opposition, seulement unie dans son rejet de la « candidature illégale » du président sortant Alassane Ouattara, hésite sur sa stratégie, dans un contexte de tensions.
Après la décision lundi du Conseil constitutionnel ivoirien, qui a validé la candidature controversée à un troisième mandat du président sortant, ses principaux rivaux, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro dont les candidatures ont été rejetées, jouent des partitions ambiguës.
La coalition pro-Gbagbo a appelé à des « manifestations » et à la mobilisation pour « faire barrage à la dictature de Ouattara », qui avait promis de ne pas briguer un troisième mandat avant de changer d’avis en août après le décès de son dauphin.
Les manifestations ayant suivi en août derniern l’annonce de la candidature de Ouattara ont fait une quinzaine de morts. Et des échauffourées ont eu lieu mardi dans plusieurs localités après l’annonce du Conseil constitutionnel recalant 40 des 44 candidatures.
Muet sur ses intentions, l’ancien président Gbagbo (2000-2010), qui vit à Bruxelles, laisse pour le moment ses partisans parler pour lui. Son ancien ennemi Guillaume Soro, ex chef rebelle ayant contribué à la chute de Gbagbo, a lui appelé depuis Paris l’opposition à s’unir « pour stopper Ouattara dans sa folle aventure, par tous les moyens légaux et légitimes ».
« Ça fait un peu peur. Dire qu’il n’y aura pas d’élection le 31, ça suggère la violence », juge l’analyste ivoirien Sylvain N’Guessan, qui dirige l’Institut de stratégie d’Abidjan, cité par l’AFP, soulignant la stratégie en ordre dispersé de l’opposition : « les pro-Gbagbo appellent à des manifs, le PDCI (principal parti d’opposition de l’ex président Henri Konan Bédié) va aux élections, et Soro se dit candidat… ». Pour l’analyste, « la seule possibilité de l’opposition serait de faire un ticket derrière Bédié », dont la candidature a été retenue par le Conseil.
Ces stratégies encore opaques se mettent en place sur fond de violences meurtrières à l’approche du scrutin, dix ans après la crise née de la présidentielle de 2010, qui avait fait 3.000 morts après le refus du président Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Ouattara.