La commission électorale indépendante (CEI) de Côte d’Ivoire a annoncé avoir reçu 44 dossiers de candidature à la présidentielle du 31 octobre et les a transmis jeudi au Conseil constitutionnel.
Le Conseil constitutionnel a désormais 15 jours pour divulguer la liste des candidatures validées mais peut le faire avant. Moins d’une dizaine de candidats devraient être déclarés éligibles, selon une source proche de la CEI, citée par l’AFP.
Parmi les dossiers qui devraient être invalidés figurent un certain nombre de candidats farfelus mais surtout ceux de deux poids lourds, l’ex-président Laurent Gbagbo et l’ancien chef rebelle et Premier ministre Guillaume Soro. Ils devraient être déclarés inéligibles en raison de condamnations qui ont déjà conduit à leur radiation des listes électorales en août.
Gbagbo, 75 ans, qui ne s’est encore jamais prononcé publiquement sur une possible candidature, est en liberté conditionnelle en Belgique, dans l’attente d’un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale (CPI) qui l’a acquitté en première instance de l’accusation de crimes contre l’humanité.
Mais il est sous le coup d’une condamnation en 2018 à 20 ans de prison par la justice ivoirienne pour l’affaire dite du « braquage de la BCEAO », (Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest), lors de la crise de 2010-2011. Cette crise, qui s’était ouverte après le refus de Gbagbo de reconnaitre sa défaite face à l’actuel président, Alassane Ouattara, avait fait 3.000 morts.
Guillaume Soro, 48 ans, qui vit en France, a été condamné en Côte d’Ivoire en avril 2020 à 20 ans de prison pour « recel de détournement de deniers publics ». « Le Conseil constitutionnel aura la lourde responsabilité devant le peuple ivoirien et l’Histoire » de statuer sur l’éligibilité, avait lancé Georges-Armand Ouegnin, président de la plateforme qui a déposé la candidature de M. Gbagbo.
Il devra aussi se prononcer sur celle du président Ouattara, 78 ans, qui brigue un troisième mandat controversé. Comme la précédente, la Constitution de 2016 limite à deux les mandats présidentiels. Les partisans de Ouattara affirment que le changement de Constitution a remis le compteur à zéro, ses adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature.
L’annonce de cette candidature a provoqué des manifestations qui ont dégénéré en violences ayant fait une quinzaine de morts en août. Ouattara, qui effectue un séjour en France, devait rencontrer vendredi le président Emmanuel Macron. De nombreux observateurs craignent des violences, dix ans après la crise post-électorale.