L’ancien chef d’Etat Laurent Gbagbo, qui ne s’était pas exprimé publiquement depuis son arrestation en 2011, est sorti de sa réserve jeudi à l’avant-veille de la présidentielle en Côte d’Ivoire. Il a notamment appelé au dialogue, alors que beaucoup d’Ivoiriens redoutent de nouvelles violences autour du scrutin.
« Ce qui nous attend, c’est la catastrophe. C’est pour ça que je parle. Pour qu’on sache que je ne suis pas d’accord pour aller pieds et poings liés à la catastrophe. Il faut discuter », a déclaré Gbagbo sur TV5 Monde, depuis la Belgique où il attend un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale (CPI), après son acquittement en première instance de crimes contre l’humanité.
« Discutez! Négociez! Parlez ensemble! Il est toujours temps de le faire. Je suis résolument du côté de l’opposition. Je dis, vu mon expérience, qu’il faut négocier ! », a insisté l’ancien président.
La colère, « je la comprends et je la partage ». « Pourquoi veut-on faire un troisième mandat? Il faut qu’on respecte ce qu’on écrit, ce qu’on dit. Si on écrit une chose et qu’on fait une autre, on assiste à ce qui arrive aujourd’hui », a estimé Gbagbo, 75 ans, à propos de son ancien adversaire, Alassane Ouattara.
La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats présidentiels, mais, selon Alassane Ouattara, l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2016 a remis le compteur à zéro, ce que conteste farouchement l’opposition. La prise de parole de Gbagbo était attendue depuis des mois par ses partisans, qui espèrent son retour en Côte d’Ivoire.
Gbagbo a aussi accusé Ouattara de « manque d’élégance » à son égard en ne lui fournissant pas un passeport mais souligné: « Si je veux rentrer au pays je rentre, mais je ne veux pas rentrer et provoquer des palabres. C’est pour ça que je ne suis pas rentré ».