La crise politique en Côte d’Ivoire s’intensifie d’un cran.

L’indécision qui semble miner l’opposition ivoirienne qui s’est réunie samedi pour ne rien décider :boycotter ou participer à l’élection du 31 octobre va être testée, si on peut dire par l’impératif du retrait des cartes d’électeurs. 

En effet, dans le système ivoirien, tout électeur est tenu d’aller retirer sa carte d’électeur dans son bureau de vote pour pouvoir y retourner le jour “j” afin d’accomplir son devoir citoyen.

Dès le choix des leaders comme Bédié et Affi Nguessan, officiellement candidats à la présidentielle-comme Ouattara et Kouadio Bertin- d’appeler ou non leurs militants et partisans à aller retirer leur carte sera un indicateur majeur de leur volonté politique réelle.

C’est aujourd’hui que le processus de retrait des cartes commence et il va durer jusqu’au 20 octobre. 7,5 millions d’électeurs sont ainsi conviés à réclamer le précieux sésame dans les lieux dédiés.

Hier le président de la commission électorale indépendante s’est adressé à ses compatriotes pour affirmer que la structure qu’il dirige étais prête pour organiser le scrutin présidentiel  avec toute la rigueur, l’impartialité et l’efficacité requises. Il a aussi exhorté tous ceux qui sont inscrits à aller retirer leur carte d’électeur. La balle est donc dans le camp des opposants qui vont devoir se décider à jouer le jeu démocratique et à s’engager sur le terrain ou alors se déclarer « non partants ».

Pour Bédié âgé de 86 ans, il s’agit d’un dilemme cornélien car s’il boycotte, ce sera certainement sa dernière participation à une présidentielle .Encore que, même à 100 ans, il serait capable de déclarer sa candidature. Affi Nguessan a moins à perdre car il est encore en mesure d’attendre une prochaine campagne présidentielle.

Quoiqu’il en soit la situation des opposants est à plaindre et ne devraient blâmer qu’eux-mêmes. Pourquoi n’ont-ils pas lancer un mot d’ordre samedi lorsqu’ils étaient tous (ou presque)rassemblés au stade Félix Houphouet Boigny d’Abidjan ?

Ils ont certes tous dénoncé la perspective du troisième mandat d’Alassane Ouattara. Mais, sans rien proposer pour l’empêcher, sans même présenter des arguments juridiques valables pour le dénoncer.

Ils ont choisi de faire dans l’incantation stérile qui, comme chacun le sait ne rime à rien. Bédié s’est couvert de ridicule en demandant à l’ONU de mettre en place un “organe pour organiser les élections”. 

Faut-il lui rappeler qu’il avait participé à des élections en 2010 alors que Gbagbo était au pouvoir. Ce dernier a été battu par Ouattara et lui-même Bédié a été éliminé au premier tour.

Bédié a donc déjà mordu la poussière face à Ouattara et sait très bien qu’il en sera de même cette fois encore. C’est ce qui explique son indécision qui est l’ombre portée d’une prise de conscience, certes tardive, de l’impasse politique dans laquelle il s’est jeté tout seul.

Il n’y a plus d’élan populaire suscité par un PDCI amputé de ses meilleurs cadres. Bédié ne peut incarner l’avenir à 86 ans. Il ne peut être et avoir été. Sa présidence a été celle de l’échec et du premier coup d’état perpétré en Côte d’Ivoire. Il a raté sa présidence et va rater sa sortie, s’il continue dans le déni de réalité et les atermoiements. Il a 6 jours pour décider d’y aller ou pas.