L’opposition ivoirienne ne transige pas. Elle rejette toujours la candidature du Président sortant Alassane Ouattara, qu’elle juge anticonstitutionnelle, réclame une nouvelle CEI, un nouveau Conseil constitutionnel, un audit du fichier électoral et le retour des exilés, notamment Laurent Gbagbo et Guillaume Soro. Elle a réitéré ses préoccupations devant les émissaires de la Cédéao, de l’Union africaine et des Nations- unies qui poursuivaient, hier mardi 6 octobre, leur mission de «diplomatie préventive » à Abidjan. Après le Président, les ministres et institutions en charge des élections, la Mission conjointe a rencontré, les candidats à la prochaine élection Présidentielle et les partis politiques, le RHDP et l’opposition. 

Face aux émissaires de la Mission conjointe, les responsables de l’opposition, nombreux, ont officiellement réitéré leurs revendications. « Nous ne sommes pas déçus, nous avons des préoccupations quand nous observons les réserves de l’Union africaine qui jusque-là n’a pas condamné le fait que le gouvernement de Côte d’Ivoire ne mette pas en exécution les décisions de la Cour africaine des droits de l’homme. Si ce que nous demandons ne peut pas être obtenu dans les délais qui nous restent pour aller à la prochaine élection Présidentielle, il est évident qu’il faut reporter la date du scrutin », a soutenu, à la sortie de l’audience, Albert Toikeusse Mabri, Président de l’UDPCI, dans des propos rapportés par RFI.

Autant dire qu’à près de trois semaines de la prochaine élection présidentielle, l’opposition agite sérieusement la question du report du scrutin. D’ailleurs, Pascal Affi Nguessan, candidat du FPI a fait une proposition concrète dans ce sens. « Dans l’hypothèse où nous nous concentrons sur les élections : trois mois. Dans notre hypothèse où nous voulons reconstruire totalement, et c’est ce que nous avons dit à la Mission, notre préférence aurait été que nous ouvrions une Présidence de douze mois au moins pour mettre tout à plat. Parce que le pays a besoin de refondation. Nous pouvons le faire, mais cela est un projet politique. Si nous ne voulons pas de cette transition, alors il faut que l’on garantisse des élections véritablement transparentes et en tout cas, il faut que l’on se donne trois mois», a-t-il dit.

Guillaume Soro et compagnies vers les assises ?

Pour rappel, L’ancien Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, en exil en France depuis neuf mois, fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour complot et tentative d’atteinte contre l’autorité de l’État. Et hier mardi, le Procureur de la République, Richard Adou a annoncé que son dossier et celui d’une vingtaine de ses proches sera transmis au Procureur général pour un procès devant le Tribunal criminel, rapporte encore RFI. Soro et 19 de ses camarades, dont ses deux frères Simon et Rigobert Soro, le député Alain Lobognon et Souleymane Koné Kamaraté, risquent ainsi les Assises, renommées Tribunal criminel.

Pour la Conseillère de Guillaume Soro, l’avocate Affoussy Bamba Lamine, également concernée et qui se trouve aussi en France, c’est « un montage grossier et un dossier truffé de mensonges pour empêcher la candidature de son client à la Présidentielle du 31 octobre ».

Alassane Ouattara, (78 ans), qui a terminé son second mandat en mars dernier, avait déclaré qu’il ne se présenterait pas à un troisième mandat. Mais, il a finalement pris la décision de briguer ce troisième mandat après le décès brutal, en juillet dernier, de l’ancien Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, qui avait été intronisé candidat du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, (RHDP).

La Constitution ivoirienne limite le nombre de mandats à deux, mais selon le Président Ouattara et ses partisans, la réforme constitutionnelle de 2016, remet les compteurs à zéro et lui permet bel et bien de se présenter au prochain scrutin du 31 octobre.