La Commission électorale indépendante, (Cei), a proclamé, ce mardi à l’aube, les résultats provisoires de l’élection présidentielle ivoirienne. Le président sortant, Alassane Ouattara, est crédité de 94,27% des voix. L’opposition qui a boycotté le scrutin, annonce la mise en place d’un gouvernement de transition.

Deux jours après l’élection présidentielle, la Commission électorale indépendante,(CEI,a annoncé ce mardi matin les résultats provisoires complets du scrutin. Alassane Ouattara, 78 ans, est vainqueur avec 94,27% des voix. Pascal Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié, qui ont boycotté l’élection, mais qui n’avaient pas retiré formellement leur candidature, sont crédités respectivement de 0,99% et 1,66%. Le candidat indépendant, Kouadio Konan Bertin obtient 1,99%, selon ces chiffres officiels, alors que le taux de participation s’élève à 53,90%.

Le président de la CEI qui a lu les scores a déclaré qu’Alassane Ouattara « est donc élu président de la République ».

La CEI a désormais trois jours pour transmettre ces résultats au Conseil constitutionnel, qui a sept jours pour les valider

Le scrutin a été émaillé de violences qui ont fait au moins neuf morts dans le pays, selon l’AFP. 

Hier lundi, l’opposition a annoncé qu’elle a créé un « Conseil national de transition », présidé par l’ancien chef d’Etat Henri Konan Bédié après avoir appelé à une « transition civile », dimanche. Ce Conseil a « pour mission de mettre en place dans les prochaines heures un gouvernement de transition », a affirmé l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, porte-parole de l’opposition.

« Le Conseil national de transition aura pour mission de préparer le cadre d’une élection présidentielle juste, transparente et inclusive (…) et de convoquer des Assises nationales pour la réconciliation nationale en vue du retour à une paix définitive en Côte d’Ivoire », a indiqué M. N’Guessan, qui dit constater « la vacance du pouvoir Exécutif avec la fin du mandat présidentiel d’Alassane Ouattara ».

Les germes d’une nouvelle crise

Selon la Mission d’observation de l’Union africaine, « l’élection s’est déroulée de manière globalement satisfaisante », mais le Centre Carter, fondation créée par l’ancien président des Etats-Unis et Prix Nobel de la paix, Jimmy Carter, citée par l’AFP, indique que « le contexte politique et sécuritaire n’a pas permis d’organiser une élection présidentielle compétitive et crédible », 

« Le scrutin a été marqué par un grand nombre d’incidents et un environnement sécuritaire volatil (…), l’organisation du vote a été fortement impactée avec, a minima, 1 052 bureaux de vote [sur 22 000 au total] comptabilisés par nos observateurs, qui n’ont jamais pu ouvrir », souligne le rapport de la fondation.

Pour sa part, la Mission d’observation de la Cédéao souligne que « la montée de l’insécurité dans la période préélectorale a créé une psychose ». Avant le scrutin, une trentaine de personnes ont été tuées dans des violences depuis l’annonce en août de la candidature du président Ouattara.

Des milliers d’Ivoiriens avaient également quitté les grandes villes pour se rendre dans leurs villages, anticipant des troubles, dix ans après la crise qui avait suivi la présidentielle de 2010 et qui avait fait 3 000 morts en Côte d’Ivoire, à la suite du refus du président Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara.