Le président ivoirien Alassane Ouattara reste fidèle à son choix de quitter la scène politique en 2020 à la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel. C’est ce qui explique pourquoi il a laissé la présidence de son parti à Mme Diabaté, sa fidèle lieutenant qui l’a emporté contre Adama Bictogo ; Ouattara a aussi réitéré son attachement à l’alliance conclue avec Henri Konan Bédié.

Toutefois les interrogations demeurent quant au respect du « deal » qui prévoirait une alternance au pouvoir avec un candidat issu du PDCI. Les faucons du RDR (le parti de Ouattara) comme Bakayogo, ministre de la défense et Amadou Coulibaly, son premier ministre, pourraient ne pas l’entendre de cette oreille.

Une autre équation est l’attitude de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale qui n’a pas assisté au congrès du RDR ce week-end. Son absence a suscité beaucoup de spéculations. Pour le moment les relations entre Ouattara et Bédié sont au beau fixe et donc aussi avec Soro. Il y a quelques semaines Bédié avait tenu à faire savoir que « Soro était son protégé ». On peut aussi penser que tout se passe bien entre le chef de l’Etat et le président du Parlement.

Ouattara a ciblé les pro-Gbagbo qui seraient derrière les attaques survenues ces derniers temps dans le pays. Des mandats d’arrêt vont d’ailleurs être émis contre certains d’entre eux partis en exil. Ce problème risque d’empoisonner encore longtemps le pays. Soro qui avait lancé un appel au dialogue et au pardon a vu juste. C’est le chemin de la réconciliation nationale qui seule, va enraciner la paix sociale. La guerre civile ivoirienne a laissé un grand traumatisme dont il faut essayer d’en guérir le peuple.

L’horizon 2020 suscite bien des appréhensions car la lutte pour le pouvoir est toujours source de tensions. Et dans un pays encore « en convalescence » les risques de dérapage sont importants. Ouattara a raison de s’en tenir à son engagement de prendre sa retraite politique. Mais il doit œuvrer à pacifier, autant que faire se peut, son pays en agissant pour renforcer la paix sociale et la sécurité nationale.

Des avancées notables ont été réalisées mais il reste encore beaucoup à faire. Il en a conscience et ses actes le prouvent. Bédié et lui font un tandem remarquable pour gérer la situation. Soro joue aussi sa partition. Tout doit être fait pour que le fragile équilibre se consolide dans l’intérêt bien compris du peuple ivoirien.