Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé à la Cour pénale internationale, le 31 mars 2021.

A l’occasion du premier Conseil des ministres de son nouveau gouvernement, le président Alassane Ouattara a annoncé que « Laurent Gbagbo et Blé Goudé pouvaient rentrer en Côte quant ils le souhaiteraient ».

En tant qu’ancien chef de l’Etat, les frais de voyage de Gbagbo et des membres de sa famille seront pris en charge par le gouvernement ivoirien.

Il a ajouté que l’ex-président Laurent Gbagbo va bénéficier de tous les avantages liés à son statut d’ancien président de la République : indemnités, gardes du corps etc.

A l’évidence Ouattara a agi en seigneur, en homme de paix, déterminé à fumer le calumet de la paix avec son ex-rival, dans le but d’enraciner la réconciliation nationale dans son pays.

En fait, l’octroi à Gbagbo de deux passeports, ordinaire et diplomatique, depuis des mois, était une claire indication de la volonté du président ivoirien de tourner la page d’une adversité qui n’est plus de saison.

La participation du FPI, canal Gbgbo aux législatives, en coalition avec le PDCI de Bédié, a contribué aussi à décanter la situation.

La victoire éclatante de Ouattara, lors de la présidentielle du 31 octobre est ainsi reconnue par ses deux grands adversaires qui ont réussi à obtenir une cinquantaine de sièges de députés  quand le RHDP se taille la part du lion avec 137  sur 225.

Avec une majorité respectable, mais sans écraser la concurrence, la démocratie peut s’exercer, avec vigueur, dans le respect mutuel.

Le gouvernement a la possibilité d’agir, de manière confortable, mais en restant vigilant.

C’est dire que l’acte que vient de poser Ouattara est responsable et le grandit, encore davantage, comme homme d’Etat et patriote.

C’est une leçon de haute portée politique et citoyenne.

La balle est maintenant dans le camp de Gbagbo qui doit jeter la rancune à la mer et s’investir dans son nouveau rôle de « sage » et de leader béni par le destin.

Car, l’homme pouvait sombrer corps et biens à la CPI, mais l’épreuve ne l’a pas englouti dans ses flots dévastateurs.

A lui de décider d’agir comme Mandela qui a joué la carte du pardon et de la réconciliation, ou comme d’autres qui ont choisi de poursuivre les fantômes du passé.

Ses partisans attendent sa réaction et ses mots d’ordre, une fois sur le sol national.

Il a le choix ou de les calmer, ou de les pousser dans l’abîme de la haine destructrice.