Le Chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara et son (ex-)grand allié Henri Konan Bédié, leader du Parti démocratique de Côte d’Ivoire.

Lors de son discours d’investiture pour son troisième mandat controversé, Alassane Ouattara a mis l’accent lundi sur la réconciliation nationale et l’action sociale. Il a invité l’opposition ivoirienne au « dialogue » pour décrisper le climat politique après les tensions de l’élection présidentielle qui ont fait 85 morts.

En vue des élections législatives au premier trimestre 2021, le président Ouattara a indiqué avoir demandé à son Premier ministre Hamed Bakayoko de « reprendre les discussions » sur la Commission électorale indépendante (CEI), un des grands points de désaccord avec l’opposition, qui a boycotté la présidentielle du 31 octobre.

« J’invite l’ensemble des partis politiques à saisir cette nouvelle opportunité pour aboutir à une décrispation du climat par le dialogue », a déclaré Ouattara, qui s’exprimait devant 13 chefs d’Etat africains au palais présidentiel à Abidjan, mais aucun représentant de l’opposition, après avoir prêté serment sur la Constitution.

S’appuyant sur des arrêts de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP), l’opposition a constamment demandé avant le scrutin une réforme de la CEI, qu’elle estime inféodée au pouvoir.

Ouattara veut créer un « ministère de la Réconciliation nationale » 

L’ex-président et principal opposant Henri Konan Bédié a proposé le 9 décembre un « dialogue national » pour résoudre les tensions nées de la présidentielle, et annoncé la fin du régime de « transition » proclamé par l’opposition et prétendant remplacer le régime du président Ouattara. Il continue toutefois à contester la légitimité de Ouattara.

Selon l’AFP, des négociations sont en cours entre le pouvoir et l’opposition, dont certains dirigeants, comme son porte-parole Pascal Affi N’Guessan, sont incarcérés. Ouattara a promis lors de son discours la création d’un « ministère de la Réconciliation nationale » dans le prochain gouvernement. Mais il a souligné que “les violences et les actes intolérables” commis lors de l’élection présidentielle ne devaient “pas rester impunis”, gardant la pression sur les leaders de l’opposition visés par des procédures judiciaires.

La France, ancienne puissance coloniale, était représentée à l’investiture par son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Parmi les invités de marque, l’ex-président français Nicolas Sarkozy, qui avait soutenu Ouattara lors de la crise post-électorale de 2010-2011 ayant fait 3.000 morts, a été un des plus applaudis par les invités.