Vers la fin des tensions et l’accalmie politique en Côte d’Ivoire ? L’espoir est, en tout cas, permis après la rencontre entre le président Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, hier mercredi 11 novembre 2020, après les violences qui ont marqué l’élection présidentielle ivoirienne du 31 octobre dernier, et qui ont fait près de 85 morts depuis l’annonce de la candidature de Ouattara pour un troisième mandat à la tête du pays.
C’est dans le très symbolique hôtel du Golf de Cocody à Abidjan, là où les deux hommes, alors alliés contre Laurent Gbagbo, s’étaient réfugiés pendant la crise post-électorale de 2010 , que les deux hommes se sont rencontrés, hier mercredi, dans l’après-midi. Cela, après deux ans de silence entre eux , et deux jours après le discours télévisé d’Alassane Ouattara dans lequel il avait indiqué son intention de rencontrer le président du PDCI.
Alassane Ouattara était en compagnie de son directeur de cabinet, Fidèle Sarassoro, alors que Henri Konan Bédié, qui n’était plus apparu en public depuis trois semaines, était accompagné du vice-président du PDCI, Ouassénan Koné. Les deux hommes se sont entretenus pendant une cinquantaine de minutes avant de s’adresser à la presse.
Une « rencontre fraternelle pour rétablir la confiance et briser la glace », a dit Alassane Ouattara, rapporte lecourrierquotidien, ajoutant que « la paix est la chose la plus chère pour tous les deux et pour tous les Ivoiriens ».
« Par la rencontre d’aujourd’hui, nous avons brisé le silence, le mur de glace. Nous allons continuer dans les prochains jours à se téléphoner, à se rencontrer pour que le pays soit ce qu’il était avant », a insisté Henri Konan Bédié.
Toutefois, le président du PDCI a annoncé qu’il va « faire le point » sur la suite avec le reste de l’opposition, dès demain vendredi à midi.
Les conditions pour un dialogue inclusif
Le PDCI avait d’ailleurs établi une liste de préalables avant l’ouverture de toutes discussions politiques. La première était d’ailleurs la levée du blocus des résidences des leaders de l’opposition, la libération de tous les responsables et militants de l’opposition, notamment Maurice Guikahué, le numéro deux du PDCI, et Pascal Affi N’Guessan, le président du FPI-légal et la levée des poursuites judiciaires contre une vingtaine de dirigeants politiques pour « rébellion contre l’autorité de l’État », mais aussi pour « meurtres » ou terrorisme, rappelle RFI.
Le PDCI demande aussi un «dialogue inclusif et élargi à l’ensemble des plateformes et partis politiques de l’opposition », y compris le Front populaire ivoirien, le mouvement Générations et peuples solidaires (GPS) de Guillaume Soro.
A l’opposition ivoirienne de s’unir et de mettre fin à ses divisions pour que ces discussions soient inclusives. En tout cas, Henri Bédié a proposé à la fin de sa rencontre avec Alassane Ouattara à tous les représentants de partis politiques d’opposition de « faire le point sur leurs attentes et leur vision de l’avenir » lors d’un rendez-vous de demain vendredi.
Depuis l’élection présidentielle du 31 octobre dernier, 31 personnes ont été tuées en Côte d’Ivoire, selon un bilan officiel. Plusieurs leaders de l’opposition sont toujours en exil, en prison ou en fuite.