Réélu, confortablement à la tête de l’Etat, son parti(RHDP) vainqueur des législatives, Ouattara a toutes les cartes en main pour gouverner comme il l’entend. Le peuple ivoirien lui a renouvelé sa confiance, comme l’ont confirmé les législatives, avec la participation de toutes les forces politiques majeures du pays, dont celles dirigées par les anciens présidents Konan Bédié et Laurent Gbagbo. C’est une onction populaire supplémentaire, si on peut dire, après la présidentielle du 31 octobre marquée par des rodomontades et actes de violence de la part des opposants. Les législatives du 6 mars se sont déroulées dans le calme et les résultats ont été acceptés par tous.
Ouattara a donc réussi à relever le défi de la conquête d’un nouveau mandat qu’il ne souhaitait pas et qu’il a été obligé de solliciter, suite au décès brutal de son « dauphin » Amadou Gon Coulibaly. Il a maintenant le champ libre, pour agir, même si la mort brutale du premier ministre Ahmed Bakayoko va l’obliger à redistribuer les cartes. C’est bien cette nouvelle configuration politique qu’il devra élaborer, en tenant compte de multiples paramètres, au sein du RHDP et, au niveau global, en ce qui concerne la situation politique nationale.
A l’Assemblée nationale ,le président Amadou Soumahoro a été à la hauteur. Il a bien tenu les troupes et contribué à conserver une majorité nette et claire, en face de la coalition inédite Bédié/Gbagbo ,battue à plate couture. 22 ministres sur 30 engagés dans les législatives ont été élus et vont choisir, le 1er avril de garder ou non leur mandat. Une fois la nouvelle Assemblée mise sur pied, le remaniement ministériel sera opéré. Sera-t-il marqué par une plus grande inclusion ? On pourrait le croire comme le choix de KKB(kouadio konan Bertin) comme ministre de la Réconciliation, après la présidentielle ,en témoigne.
Ouattara a la possibilité d’aller plus loin pour consolider l’unité nationale et l’apaisement qui a permis l’organisation de législatives ouvertes et disputées. Plus que jamais, il est le maître du jeu ;mais a intérêt à enraciner la réconciliation nationale, par un dialogue politique sincère et sans tabou. Toutefois, il y a des risques de dérives avec l’éventualité d’un retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo. Si l’homme semble avoir mûri et conscient de devoir jouer la carte de la réconciliation nationale, ses troupes pourraient être difficiles à tenir.
Il faudrait qu’il s’agisse d’un « nouveau Gbagbo » assagi par les épreuves et par le poids de l’âge. On peut être optimiste au vu de son action marquée du sceau de la responsabilité, globalement, avant, pendant et après la présidentielle du 31 octobre. Mais, est-ce une garantie absolue quant à un comportement futur lucide ? Rien n’est moins sûr ! Ouattara a divers leviers pour à sa disposition .Avec Bédié cela avait marché jusqu’à l’approche de la présidentielle, avant que le Sphinx de Daoukro ne « disjoncte ». On le voit, Ouattara a bien les cartes en main ;mais la « fortuna »peut toujours réserver des surprises et l’homme d’Etat doit en avoir conscience, à tout moment, pour pouvoir agir, en toutes circonstances.