Coïncidence ou non, Laurent et Simone Gbagbo font face à la justice le même jour – ce mardi 9 mai -, l’un à La Haye et l’autre à Abidjan. Il y a aussi similitude des chefs d’accusation qui en synthèse correspondent à des « crimes contre l’humanité ».

Simone Gbagbo : pourquoi un second procès ?

Une différence majeure cependant est que Simone Gbagbo a déjà été jugée et condamnée à vingt ans de prison par une cour d’assises ivoirienne. D’où les interrogations sur l’organisation de ce second procès.

Quant à son époux et ancien président ivoirien, son procès devant la Cour Pénale Internationale – CPI – se poursuit après quelques semaines d’interruption. Il est jugé en compagnie de Charles Blé Goudé, qui s’était illustré pendant la présidence Gbagbo par des dérives de toutes sortes qui lui valent de faire face à la CPI en même temps que son mentor.

Pour les victimes et pour l’Histoire

La crise sanglante qui a secoué la Côte d’Ivoire et qui a abouti à la chute du régime Gbagbo est ainsi en train de connaître son épilogue judiciaire.
Justice des vainqueurs ? Peut-il en être autrement ? L’évident est que des crimes effroyables qui ne peuvent être passés par pertes et profits ont été commis.
Justice doit être rendue aux familles des victimes et pour l’Histoire. L’impunité ne saurait prévaloir et l’Etat de droit exige des sanctions à la mesure des atrocités commises.

Il faut souhaiter que les deux procès puissent permettre de mieux éclairer la lanterne des Ivoiriens et des citoyens du monde entier épris de justice, et que des verdicts conséquents soient prononcés.

Accusés de crime contre l’humanité

La peine de vingt ans de prison infligée à Simone Gbagbo était déjà exemplaire. Avec l’accusation de « crime contre l’humanité » brandie cette fois, la sentence pourrait être plus sévère.
Ce deuxième procès pourrait aussi aller plus vite que celui en cours à la CPI où les procédures s’avèrent généralement plus longues.

Que les Gbagbo mari et femme soient impliqués et que leur responsabilité soit engagée dans la crise et dans ses conséquences sanglantes, cela est difficilement contestable. A leurs avocats et à eux-mêmes d’apporter des éléments à même de contester certaines accusations ou de plaider des circonstances atténuantes.

La justice qui doit cependant passer n’est pas une vengeance. Elle sanctionne des actes répréhensibles à la mesure de leur gravité présumée. La notion de crime contre l’humanité est née à l’occasion du procès des criminels de guerre nazis à Nuremberg. C’est un chef d’accusation particulièrement grave, dans le cadre duquel il est considéré que la dignité humaine est piétinée. C’est pourquoi il est imprescriptible.

Longues peines en perspective ?

La sanction logique pourrait en être la peine capitale. Cette dernière n’est plus appliquée dans la grande majorité des pays de la planète. La CPI ne l’applique pas non plus.
La détention à perpétuité ou des condamnations à des peines si longues que le coupable est emprisonné toute sa vie restent cependant possibles. C’est ainsi que Charles Taylor, ancien homme fort du Liberia, purge actuellement une peine de cinquante ans à la suite de son procès devant la CPI.

Les Gbagbo n’en sont pas encore là. Ils sont face aux juges.
Il est à noter que ce n’est pas le cas des personnes identifiées par la CPI comme ayant potentiellement commis des crimes graves mais qui sont proches du nouveau pouvoir. La justice ivoirienne et celle incarnée par la CPI ne seront réellement crédibles que lorsqu’elles feront aussi comparaître tout autant les accusés du camp des vainqueurs.

 

 

Crédit image : © Page Facebook de Mme Simone Ehivet GBAGBO.