Décidément Laurent Gbagbo n’a pas changé. De retour dans son village natal de Mama, dans l’Ouest du pays, il a décliné une « feuille de route politique » inquiétante quant à l’évolution de ses relations avec le pouvoir en place.
Contre toute évidence, il revendique toujours la « victoire en 2010 » et affirme qu’il a été « dégagé » parce qu’il était « gênant ».
Il attaque le régime en place et affirme » qu’il n’exclut rien pour la prochaine présidentielle en 2025 ». Il a 75 ans et en aura 79 ; mais il n’y a pas de limitation par l’âge.
Bédié était candidat alors qu’il a 86 ans.
Il se présente comme un « soldat au garde à vous ».
Ce discours guerrier rappelle « qui est garçon », de triste mémoire qui a jeté de l’huile sur le feu, il y a dix ans.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il y a risque d’un nouvel affrontement .
Et Gbagbo sait pouvoir compter sur son ethnie, la minorité Bété), qui lui serait majoritairement acquise.
Dès lors, s’il joue les « va-t-en-guerre », il aura des suiveurs et la certitude de chocs malheureux.
C’est maintenant qu’il faut tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard.
On pourrait mettre sur le compte d’une bravade compréhensible, les propos de Gbagbo.
Mais le propre du verbe incendiaire, est d’enclencher souvent une dynamique, qui échappe à ses « géniteurs ».
Il y a certainement des partisans de Gbagbo qui rêvent de vengeance et de revanche et qui vont continuer à propager des discours bellicistes.
Et si lui, les encourage, toutes les dérives sont possibles !
Rien dans le cheminement politique de Gbagbo ne plaide pour une prise de conscience réaliste.
En effet, s’il soutient qu’il avait été « dégagé », il pourrait admettre aussi « pouvoir l’être à nouveau ».
Ensuite, il y a la condamnation à 20 ans pour le braquage de la BCEAO qui reste une épée de Damoclès au-dessus de sa tête.
Il s’y ajoute le rapport de force politique qui lui est défavorable comme les élections présidentielles et législatives (avec la participation de son parti, coalisé avec celui de Bédié), demeure.
Le RHDP tient fermement la barre du pouvoir et les performances économiques du président Ouattara se passe de commentaires.
La jalousie de Gbagbo est compréhensible. Peut-être explique-t-elle son manque de lucidité qui l’avait déjà perdu. Il y a 10 ans.