L’ancien chef de l’Etat ivoirien devrait fouler, à nouveau le sol de son pays, après 10 ans d’absence.
Ce retour est déjà une immense victoire pour lui-même et ses partisans, encore nombreux.
Le pire, à savoir la réclusion criminelle à perpétuité, pouvait lui arriver dans son face à face judiciaire contre la CPI, (Cour pénale internationale) ; et pendant 10 ans, il a souffert le martyr, dans une prison de haute sécurité.
Contre toute attente, il a été blanchi et acquitté, la CPI n’ayant pas pu prouver les terribles charges portées contre lui par la Procureure Fatou Bensouda.
Contrairement à Charles Taylor qui purge une peine de 50 ans en Angleterre, Gbagbo sauve son honorabilité et obtient le droit de rentrer chez lui, lavé de toute tâche criminelle indélébile, sur le plan international.
Chez lui, en Côte d’Ivoire, sa condamnation à 20 ans de prison dans l’ « affaire du braquage de la BCEAO », reste une épée de Damoclès au-dessus de sa tête.
Toutefois, on peut penser que la décision du président Ouattara d’autoriser son retour, en lui faisant délivrer deux passeports : un diplomatique et un autre ordinaire « vaut grâce », au moins, voire amnistie en perspective.
Ouattara ne s’est pas arrêté là, il a accordé à Gbagbo tous les avantages dus à son statut d’ancien chef d’Etat : maison, gardes du corps, émoluments, etc.
La hache de guerre est bien enterrée entre les deux protagonistes des élections d’il y a une décennie qui avaient débouché sur une guerre civile qui a causé la mort de plus de 3000 personnes.
Mais le retour de Gbagbo qui ne peut pas ne pas être triomphal, s’il n’est pas bien géré par le principal intéressé -qui a intérêt à agir en sage qui calme ses troupes- pourrait ranimer la flamme d’une animosité nocive.
Les rancunes du passé ne sont pas jetées à la rivière, la nouvelle cohabitation pourrait accoucher de nouvelles tensions aux conséquences imprévisibles.
Les hasards propres à l’évolution des situations sont difficiles à prévoir, encore plus à canaliser.
Ouattara, plus que Gbagbo, a fait le pari de la réconciliation pour ne pas hypothéquer l’avenir radieux qui se dessine pour la Côte d’Ivoire.
Le retour de Gbagbo est finalement un défi national qui, s’il est relevé, permettra d’enraciner la paix sociale dans le pays.
C’est Gbagbo qui aura la main, une fois sur place ou, mêmedepuis la Belgique, s’il décide d’appeler ses partisans à la retenue.
Le fera-t-il ? Qui sait ?