C’est aujourd’hui, jeudi 17 juin que l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo va fouler, à nouveau, le sol de son pays natal. Après 10 ans d’éloignement, dont une grande partie en détention à la Haye, dans la prison de la CPI, (Cour pénale internationale).
La question qui taraude les esprits est de savoir quel homme, âgé maintenant de 75 ans, va revenir au bercail ?
L’épreuve injuste qu’il a subie ne peut pas ne pas laisser des traces ; mais l’homme d’Etat authentique et/ou le croyant refusera de sombrer dans l’enfer de la haine et de la vengeance.
Un exemple type, si on ose dire, est Nelson Mandela qui, après 27 ans de prison, a su éviter le piège du règlement de comptes, de l’amertume et de la défaite psychologique et morale.
Personne ne peut rendre à Laurent Gbagbo ses dix années perdues, le dédommager pour les tortures mentales liées à la longue détention et le temps infini pendant lequel il a été séparé de ceux qui lui sont chers.
C’est dur, mais nul ne peut ni l’effacer, ni le rattraper. Il faut l’accepter et trouver des raisons de vivre pour transcender ce douloureux passé qui, hélas, ne « passera jamais ».
Gbagbo, seul, décidera de choisir l’unité nationale et la paix des braves ou de ruminer une vengeance dont, il n’est pas sûr qu’il ait les moyens de l’accomplir.
Il peut cependant semer troubles et difficultés, mais à quel prix ?
Toutes ces réflexions philosophiques, morales et politiques, il a eu tout le temps pour s’y adonner et, aujourd’hui, l’heure de vérité arrive.
A lui de donner le « la » pour apaiser la situation, en répondant positivement au geste de haute noblesse du président Alassane Ouattara qui a choisi la réconciliation et a choisi de restaurer l’ancien chef de l’Etat dans tous ses droits d’ex-président de la République.
Une réconciliation sincère des deux hommes d’Etat ferait baisser la tension dans le pays et permettrait à la Côte d’Ivoire de poursuivre dans son élan remarquable de croissance économique et de transformation sociale qui dure depuis 10 ans.
Elle renforcerait l’unité nationale qui est encore un énorme chantier dans un pays où la question ethnique demeure un sujet de préoccupation politique.
Il s’y ajoute que la menace terroriste devient de plus en plus grande au Nord du pays et exige une mobilisation de tous les citoyens.
En effet, tous les pays, en proie à des querelles intestines deviennent des cibles pour les jihadistes, comme les exemples de la Somalie, du Mali, voire du Soudan et du Burkina, du Tchad aussi, le démontrent éloquemment.
Tous les ivoiriens ont intérêt à faire bloc pour protéger leur pays, ses progrès économiques et ses acquis démocratiques, aussi fragiles soient-ils.
Tous les pays démocratiques sont fragiles parce qu’ouverts et susceptibles d’être attaqués par les ennemis de la liberté.
Au fond, Gbagbo a une occasion exceptionnelle de faire basculer son personnage dans l’Histoire, si et seulement si, il incarne le sage qu’il est devenu par l’âge et qu’il devienne un avocat déterminé de la réconciliation nationale.
Alors il pourrait prétendre au Prix Nobel de la paix, rien que ça !
S’il arrive à gagner les cœurs des personnes qui ont perdu des êtres chers pendant la guerre civile de 2010/2011.
Ce sera à lui de faire les premiers pas et d’inventer un chemin de vérité et de fraternité humaines.
Aujourd’hui, le monde observe et va décrypter les moindres faits et gestes du « revenant ».
Gbagbo sera en scène et ce sera à lui de jouer.