De retour chez lui, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a publié un communiqué pour inviter ses concitoyens au pardon et à la réconciliation nationale. Il a tendu la main à tous les ivoiriens et se dit prêt à rencontrer tout le monde. Il faut saluer cet acte de courage et de lucidité dans un pays agité encore par les répliques (sismiques) de la guerre civile, un passé qui ne passe pas.

La démarche de Soro est celle d’un leader patriote qui comprend qu’une partie de la Côte d’Ivoire ne peut pas s’imposer indéfiniment à une autre. Les vainqueurs à la fois par les armes et par la démocratie doivent jouer la carte de l’humilité et ouvrir grandement les portes des retrouvailles nationales à tous les ivoiriens. D’autres nations ont connu pire épreuve et ont pu la surmonter par le pardon et la réconciliation.

Il est vrai que c’est aussi une affaire de temps et de cicatrisation. Sans doute que la guerre civile affiche encore des stigmates dans les rues et surtout dans les esprits. Et le procès de Laurent Gbagbo à la CPI qui est en cours continue de mettre en colère ses partisans.

À travers son communiqué Soro joue assurément l’apaisement et c’est tout à son honneur. Il est fondamental pour le pays de consolider son unité nationale. Justement il accueille les « jeux de la francophonie » et c’est un test important à cet égard. Comme la victoire à l’avant dernière coupe d’Afrique des nations de football a été un moment de communion populaire.

Tous les Etats africains et surtout ceux d’Afrique de l’ouest ont intérêt à ce que la Côte d’Ivoire retrouve une paix durable qui passe par une réconciliation nationale authentique. Parce que ce pays est un des géants économiques du continent, la deuxième puissance en Afrique de l’ouest(après le Nigéria) et la première au niveau de l’UEMOA.

C’est dire que les éventuelles difficultés du pays de Houphouët Boigny vont rejaillir sur tous les autres de diverses manières. Aujourd’hui après le départ des casques bleus, le combat pour la réconciliation nationale reste un défi majeur.

Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale est dans son rôle en prenant son bâton de pèlerin de la paix. Sa sincérité est indiscutable et sa représentativité aussi. Sa voix porte et son initiative est à louer. Les pays voisins et amis de la Côte d’Ivoire pourraient aussi apporter une contribution amicale et discrète. L’Afrique du Sud post-Apartheid est un modèle à suivre dans l’esprit au moins.

Un peuple ne peut pas se faire la guerre advitam eternam. Il y a un temps pour tout. Celui des retrouvailles nationales en Côte d’ivoire, c’est maintenant.