Face à des rébellions en cascade de membres des forces de sécurité, le pouvoir ivoirien décide de cibler les journalistes. Ainsi six d’entre eux ont été arrêtés pour « avoir divulgué des fausses informations de nature à inciter les soldats à la révolte ».

Dans un communiqué lu hier à la télévision nationale, le procureur de la république précise que « ces agissements tombent sous le coup de la loi qui réprime l’incitation des militaires à l’insoumission et à la rébellion, les atteintes à l’autorité de l’Etat et la publication d’informations fausses se rapportant au secret défense et à la sureté de l’Etat ».

Six journalistes rédacteurs et patrons de presse ont donc été interpellés et sont actuellement entre les mains de la police.

Ce choix des autorités ivoiriennes est inquiétant car il bafoue la liberté de la presse et cherche à faire taire les médias. Il est aussi injuste et lâche tout à la fois car ceux qui sont coupables de rébellion et d’avoir défié l’autorité de l’Etat ce sont bien les militaires et gendarmes qui se sont révoltés et ont tiré en l’air dans plusieurs villes du pays.

Et plus grave ont fait chanter le gouvernement et ont eu gain de cause.

On constate donc que le pouvoir ivoirien, après avoir cédé face aux mutins et démontré par là-même sa faiblesse, essaie de museler la presse pour l’empêcher de faire son travail. C’est une tentative vaine, autoritariste qui ne peut pas résoudre le vrai problème du malaise au sein des forces de sécurité.

Réformer l’Armée, régler courageusement la question de l’intégration des ex-rebelles et améliorer la situation sociale des soldats en général est le combat crucial à engager par l’Etat.

Même si certains journalistes dérapent et sont portés vers le sensationnel, ils ne sont pas responsables des actes séditieux des militaires.

Les populations, du reste, n’avaient besoin de personne pour être au courant des mutineries qui ont semé peur et confusion dans les villes où les militaires ont tiré en l’air.

L’Etat ivoirien est face à ses responsabilités : guérir le mal à la racine et non faire des journalistes des boucs-émissaires.