Le Premier ministre ivoirien a succombé à un cancer fulgurant, mercredi 10 mars. Hamed Bakayoko était hospitalisé depuis le début du mois de mars à l’Hôpital américain de Paris et transféré en urgence en Allemagne dans la matinée du 6 mars.
Personnalité atypique et charismatique, Hamed Bakayoko avait gravi les échelons pour devenir un pilier du régime du président Alassane Ouattara, jusqu’au poste de chef de gouvernement où il avait été nommé le 30 juillet 2020, après la mort, elle aussi brusque, de son prédécesseur Amadou Gon Coulibaly.
Beaucoup le voyaient comme un possible successeur au président Ouattara dans l’avenir. Rendant hommage à son « fils », le chef de l’Etat l’a qualifié de « grand homme d’Etat », saluant sa « loyauté exemplaire ».
D’abord militant politique, puis homme de médias dans les années 1990, Hamed Bakayoko était devenu ministre au début des années 2000. Il avait été ensuite de tous les gouvernements pendant près de 20 ans.
Né le 8 mars 1965 à Abidjan, dans une famille de la classe moyenne, son ascension politique avait vraiment commencé dans les années 2000. En 2003, à 38 ans, il était devenu ministre des Télécommunications et des nouvelles technologies, un poste qu’il gardera dans tous les gouvernements d’union nationale, sous le régime de l’ex-président Laurent Gbagbo.
Avec l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011, Hamed Bakayoko avait hérité du stratégique ministère de l’Intérieur, qu’il avait conservé sous trois gouvernements jusqu’en 2017, réussissant à maintenir l’ordre dans un pays revenant à la paix, notamment grâce à ses nombreuses relations dans tous les milieux, aussi bien parmi les anciens chefs de la rébellion que dans l’opposition.
En juillet 2017, il avait été nommé ministre d’Etat, ministre de la Défense, et numéro deux du gouvernement, où il avait eu la lourde tâche de gérer plusieurs mutineries dans l’armée. En 2018 il avait été élu maire d’Abobo, l’une des deux grandes communes populaire d’Abidjan, au terme d’un scrutin cependant terni par des violences.
En 2020 son nom avait circulé comme présidentiable, avant la désignation du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat du parti au pouvoir pour la présidentielle d’octobre.
Après la mort inattendue de ce dernier d’un infarctus, qui a conduit M. Ouattara a revenir sur son engagement et à se faire réélire, M. Bakayoko avait d’abord été désigné pour assurer l’intérim, puis nommé Premier ministre.
Après l’élection présidentielle du 31 octobre marquée par le boycott de l’opposition et des violences ayant fait une centaine de morts, “HamBak” avait ramené l’opposition à la table des négociations, ce qui a permis des élections législatives apaisées, avec la participation de toutes les forces politiques.