Une cinquantaine de corps de victimes des violences de la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011 ont été remis mercredi à leurs familles dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire ; une étape du processus de « réconciliation nationale » initié par le président Alassane Ouattara.
« Aujourd’hui, nous sommes venus panser définitivement nos blessures, nos plaies et tourner la page de la guerre » pour suivre « la voie de la paix et de la réconciliation », a déclaré le ministre de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin lors d’une cérémonie à Blolequin (Ouest).
En 2010, la victoire à la présidentielle d’Alassane Ouattara, contestée par le sortant Laurent Gbagbo avait débouché sur plusieurs mois de violences qui avaient fait 3.000 morts dans les deux camps.
À Bloléquin, dans la région du Cavally, 12 corps exhumés en 2015 pour les besoins de la justice ont été identifiés et restitués aux familles. Dix familles sur les douze conviées étaient présentes.
En tout, 47 corps ont été remis à leurs proches – qui ont aussi reçu un dédommagement de l’Etat (2.200 euros) – dans cette région particulièrement meurtrie par la crise, 6 à Guiglo et 29 à Toulepleu, où le ministre s’est également rendu.
Trois ONG de défense des Droits de l’Homme en Côte d’Ivoire ont salué mercredi « une avancée importante ». Les ONG – la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO), la Confédération des organisations des victimes des crises ivoiriennes (COVICI) et le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) – ont toutefois déploré « qu’aucune des victimes de Guiglo, Bloléquin ou Toulepleu, n’a obtenu justice pour les crimes subis pendant la crise ».
Elles pointent l’amnistie présidentielle accordée le 6 août 2018, « qui a eu pour effet d’annuler tous les efforts de justice entrepris jusque-là ». À l’époque, Alassane Ouattara avait signé une ordonnance d’amnistie pour quelque 800 personnes, dont l’ancienne Première dame Simone Gbagbo, condamnées ou poursuivies pour des infractions en lien avec la crise post-électorale.