Le parti démocratique de Côte d’Ivoire,(PDCI), a organisé une grande réunion, samedi dernier, à Cocody pour dénoncer la situation politique et organiser les prochaines mobilisations pour une « désobéissance civile ». Le parti de Henri Konan Bédié compte ainsi être la tête de pont de l’opposition contre la candidature à un troisième mandat du Président Alassane Ouattara et contre le rejet de celle de Guillaume Soro et de Laurent Gbagbo
Prévue pour être un conseil technique, la rencontre a vite pris les allures d’un meeting, au siège du PDCI, où les représentants politiques de tous les districts d’Abidjan s’étaient rassemblés pour fustiger les conditions de la prochaine élection présidentielle du 31 octobre. Une occasion saisie par le PDCI pour lancer un appel à la « désobéissance civile » et à de grandes mobilisations, avec notamment l’organisation d’un meeting-référendum le 10 octobre prochain. Cela, même si les instances du parti ont précisé qu’ils n’ont pas encore d’autorisation pour ce rassemblement.
« Le pouvoir refuse d’organiser des élections justes, transparentes, inclusives et crédibles », a d’emblée déclaré à la tribune, le Secrétaire exécutif du PDCI, Courage Maurice Kakou Guikahuél, dans des propos rapportés par RFI. « Nous allons au stade Houphouët-Boigny le samedi 10 octobre 2020, pour dire au monde entier que la Côte d’Ivoire n’est pas d’accord avec le troisième mandat d’Alassane Ouattara », a-t-il poursuivi.
Un grand rassemblement prévu le 10 octobre
Et déjà, le PDCI affirme être en mesure de mobiliser jusqu’à 250 000 personnes le week-end prochain, avec le soutien des autres partis de l’opposition.
« Ce qui est prévu, ce sont les marches et des marches pacifiques. Il n’y aura pas d’armes, pas d’armée… Nous marchons pacifiquement. Par ailleurs, nous invitons tous nos militants à s’abstenir de casse. Nous voulons simplement marcher pour exprimer notre mécontentement », a pour sa part déclaré Konan Lazar, un des membres du grand conseil du PDCI.
Kobenan Kouassi Adjoumani, le ministre de l’Agriculture, qui participait aux Journées nationales du cacao à Yamoussoukro, a tout de suite mis en garde ceux qui tenteraient de bloquer les transports, à la suite de l’appel de l’opposition à la désobéissance civile. « Si le paysan dit : moi, je vais observer la désobéissance civile. Le soir quand il ne trouve pas à manger, ce n’est pas l’État qui va lui envoyer la nourriture ! Donc moi, je les sensibilise pour leur dire de ne pas se fier à toutes ces déclarations, qui sont de nature à vouloir déstabiliser notre pays ».
Et d’ajouter, « je dis à mes parents paysans : on va à des élections, si l’opposition estime qu’elle est majoritaire, qu’elle s’organise pour aller battre le candidat qu’elle estime redoutable, qu’elle ne veut pas voir… »
Alassane Ouattara, (78 ans), qui a terminé son second mandat en mars dernier, avait déclaré qu’il ne se présenterait pas à un troisième mandat. Mais, il a finalement pris la décision de briguer ce troisième mandat après le décès brutal, en juillet dernier, de l’ancien Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, qui avait été intronisé candidat du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, (RHDP).
La Constitution ivoirienne limite le nombre de mandats à deux, mais selon le Président Ouattara et ses partisans, la réforme constitutionnelle de 2016, remet les compteurs à zéro et lui permet bel et bien de se présenter au prochain scrutin du 31 octobre.