A l’évidence, depuis son retour en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo a la bougeotte : il s’est rendu dans son village natal, ensuite en R D Congo et aujourd’hui, il sera l’hôte de Henri Konan Bédié, son ancien ennemi, devenu allié.

Gbagbo occupe ainsi le devant de la scène, pour faire le buzz et se rappeler au bon souvenir des citoyens ivoiriens.

Cet activisme politique, sur le terrain, lui manquait beaucoup, pendant 10 ans d’incarcération à la Haye et d’exil à Bruxelles.

Il est donc bien de retour et cherche à réaliser l’impossible, à savoir rattraper le temps perdu.

Mais, il peut persister dans sa volonté de combattre politiquement Alassane Ouattara, et c’est le cas.

Pire, cela commence à tourner à l’obsession et cela n’annonce rien de bon pour la Côte d’Ivoire.

Son alliance avec Bédié est une alliance contre nature, entre deux ex-présidents qui se sont combattus violemment, dans un passé récent qui ne passe pas encore, dans l’opinion ivoirienne.

Même si l’ethnicisme qui demeure le fonds de commerce de ces deux hommes, est un terreau à la fois « fertile » et toxique.

Quoiqu’ils puissent dire pour justifier leur « retrouvailles », Gbagbo et Bédié ne font la paire que pour combattre Ouattara.

Ce dernier a subi la xénophobie de Bédié, le tristement célèbre promoteur de « l’ivoirité » qui a semé violence et conflits dans le pays.

Bédié et Gbagbo, ensemble, ne peuvent pas ne pas jouer sur cette corde xénophobe qui est une dynamite sociale.

La rencontre de Daoukro est ainsi grosse de toutes les dérives pour la scène politique ivoirienne .

Certes les élections présidentielles (boycottées par l’opposition) et législatives (avec la participation de l’opposition, Bédié et Gbagbo ayant fait cause commune et récolté plus de 80 députés, une minorité  cependant), sont passées.

Mais les deux « papys » pourraient penser aux élections locales de 2023 et, aussi à la présidentielle de 2025.

On peut penser que, la volonté de se « venger » de Ouattara  agit comme un produit dopant pour ces deux « dinosaures de la politique ivoirienne », qui n’ont aucune envie de céder la place à la jeune génération.

C’est cette dernière qui doit prendre ses responsabilités pour les écarter.

La Côte d’Ivoire ne peut pas se permettre d’être l’objet d’une bataille d’ego d’anciens combattants politiques assoiffés de revanche.

Conjuguer le passé au présent est une tentative vaine.

L’avenir appartient aux jeunes générations.