La course aux présidentielles est ouverte.

A deux jours de l’élection présidentielle ivoirienne prévue samedi 31 octobre 2020, la situation est des plus confuses. Après son appel au boycott, l’opposition affirme qu’elle mettra tout en œuvre pour empêcher la tenue du scrutin.  Le porte-parole de la plateforme de l’opposition, Pascal Affi Nguessan, l’a réaffirmé, hier mercredi, sur France 24 et RFI, indiquant qu’il n’y aura pas d’élection. La veille, le président sortant, Alassane Ouattara, qui l’avait précédé sur les mêmes chaines, avait assuré que le vote aura bel et bien lieu.

Une élection de tous les dangers. C’est ce qui se dessine en Côte d’Ivoire à deux jours du scrutin que l’opposition promet d’empêcher pour faire barrage à la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat. Depuis l’annonce de la candidature du président sortant, le 6 août dernier, des violences ont fait plus d’une trentaine de morts dans le pays, alors que les médiations ont tous échoué, jusque-là. 

« Pour nous, il n’y aura pas d’élection samedi prochain », réaffirmait hier encore sur RFI et France 24, Pascal Affi N’Guessan, le porte-parole de la plateforme de l’opposition qui s’est liguée contre le président Ouattara. « Nous nous battrons pour qu’elle ne se déroule pas. Il y aura des barrages, les bureaux de vote ne seront pas ouverts, le pouvoir ne pourra pas déployer des dizaines de membres des forces de l’ordre dans chaque bureau de vote et il sera impossible d’organiser une élection sereine, digne de ce nom, qui sera reconnue par la communauté internationale », a-t-il encore martelé.

Répondant à Alassane Ouattara, qui accuse l’opposition d’être derrière les violences qui ont causé la mort de plusieurs dizaines de personnes depuis près de 3 mois, il rétorque : « Les morts ont commencé à partir du moment où Alassane Ouattara s’est déclaré candidat. C’est lui qui est la source de l’instabilité. Il se conduit de façon tyrannique et despotique. Et ce sont ses miliciens qui attaquent. »

A la question de savoir si le dialogue est possible entre le président Ouattara et Henri Konan Bédié, l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo indique qu’« à cause de la crise de confiance, on a dépassé le stade du tête-à-tête, mais Henri Konan Bédié est d’accord pour un dialogue sous la facilitation d’une personnalité africaine hors Cédéao ». 

Positions figées, échec des médiations internationales

Alors que sa candidature à un troisième mandat semble être la pomme de discorde, Alassane Ouattara avait soutenu la veille sur les mêmes antennes : « c’est mon amour pour mon pays qui me pousse à être candidat. Avec moi, la défaite [de mes adversaires] est certaine. C’est pourquoi ils décident de ne pas y aller. » Sur la possibilité d’un report de l’élection, il avait été catégorique. « Ce serait un parjure, car la Constitution fixe l’élection au dernier samedi d’octobre. Elle aura donc lieu à cette date », avait-il indiqué.

A 48 heures du vote, les ivoiriens sont donc partagés entre peur des violences, représailles et volonté d’accomplir leur devoir citoyen. 

Du côté des acteurs politiques, les positions restent figées. L’opposition exige une transition, alors que le président affirme qu’il n’y aura ni transition, ni report. 

Sur 44 candidatures, le Conseil constitutionnel en avait rejeté 40, dont celles de Laurent Gbagbo et Guillaume Soro. Seules celles celle du président Ouattara, d’Henri Konan Bédié, de Pascal Affi N’Guessan et de KKB, avaient été finalement retenues.