L’ex-président comorien Ahmed Abdallah Sambi, 64 ans, détenu depuis quatre ans pour une affaire de corruption, a comparu lundi devant la Cour de sûreté de l’Etat à Moroni pour « haute trahison ».
Barbe blanche taillée et boubou bleu, le principal opposant de l’actuel président Azali Assoumani, visiblement malade, s’est assis face au tribunal qui le juge dans le scandale dit de la « citoyenneté économique », impliquant la vente de passeports comoriens à des apatrides des pays du Golfe.
La défense a contesté la composition de la Cour, la jugeant « illégale ». Son président avait déjà siégé à la Chambre d’accusation et ne peut donc pas, « selon la loi, participer à une juridiction de jugement », a affirmé l’avocat belge Jan Fermon, cité par l’AFP.
L’ancien président (2006-2011) du petit archipel de l’océan Indien a bataillé pour prendre la parole avant les débats au fond. « La composition du tribunal est illégale, je ne veux pas être jugé par cette cour », a-t-il lancé.
Un des avocats de la partie civile, le Togolais Éric Emmanuel Sossa, a fustigé l’attitude de l’ancien raïs. « En lieu et place d’un tribunal, il voulait une place pour la harangue et le prêche », a-t-il déclaré. La Cour a finalement décidé de reporter l’audience au lendemain.
Par ailleurs Bachar Kiwan, sulfureux homme d’affaires franco-syrien, qui est aussi un des principaux prévenus de ce dossier, a avancé dans un communiqué que le gouvernement comorien lui avait proposé « un arrangement à l’amiable » contre son témoignage « sur le rôle joué » par son groupe dans le scandale.
« Il devient clair pour moi que ce n’est pas un témoignage que le gouvernement comorien recherche mais un FAUX témoignage pour donner vie à ses accusations », dénonce-t-il.a
Sambi est en détention provisoire depuis plus de quatre ans alors que la limite légale est fixée à huit mois. D’abord placé en résidence surveillée pour troubles à l’ordre public en mai 2018, il avait été incarcéré trois mois plus tard dans le cadre de cette affaire.
Lors de son renvoi en septembre, le juge d’instruction avait requalifié les faits reprochés à l’ancien président en « haute trahison ».