Le gouvernement camerounais avait maintenu les élections législatives et municipales.

Le Conseil constitutionnel camerounais a annulé mardi les législatives du 9 février dans une partie des deux régions peuplées par la minorité anglophone camerounaise qui avait largement ignoré le scrutin, en soutien aux indépendantistes ou bien par crainte de ces groupes armés qui leur avaient interdit d’aller voter.

Les élections législatives ont été annulées dans 10 circonscriptions du Nord-Ouest et dans l’une du Sud-Ouest. Les séparatistes armés avaient appelé les Camerounais à ne pas aller voter le 9 février pour les législatives et les municipales, menaçant ceux qui le feraient.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme dans tout le pays à l’exception d’un incident dans le Nord-Ouest. L’un des deux principaux partis de l’opposition à Paul Biya avait appelé au boycott. La participation a été « faible » cependant dans tout le pays, selon l’Union africaine, mais tout particulièrement dans les zones anglophones.

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Ni les résultats officiels, ni le taux de participation n’ont été rendus publics à ce jour. La date du nouveau scrutin dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a annulé le vote n’a pas été rendue publique, pas plus que les raisons de sa décision.

Notons que le jour même, Human Rights Watch (HRW) a accusé les « forces gouvernementales » et une milice peule alliée meurtre d’une vingtaine de civils, dont 13 enfants, le 14 février au Cameroun anglophone.

« Les forces gouvernementales et des membres de l’ethnie peule ont tué au moins 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte dans des conditions horribles », a écrit HRW dans un rapport.

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L’armée a démenti dès les premiers jours, assurant qu’il s’agissait des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’a évoqué la mort que de 5 civils.

Survenu le 14 février dans le quartier Ngarbuh du village de Ntumbo, dans la région du Nord-Ouest, le drame a coûté la vie, selon l’ONU, à 23 civils, dont 15 enfants – neuf de moins de 5 ans – et deux femmes enceintes.

« Les meurtres de civils, y compris d’enfants, dans des conditions horribles sont des crimes odieux qui devraient faire l’objet d’enquêtes effectives et indépendantes et leurs responsables devraient être traduits en justice », poursuit HRW.