L’ONG Human Rights Watch (HRW), a accusé jeudi l’armée camerounaise de « meurtres » et « détentions arbitraires » dans une région anglophone où un conflit meurtrier oppose depuis cinq ans des groupes armés séparatistes aux forces de l’ordre.
« Des soldats camerounais ont sommairement tué au moins dix personnes et commis plusieurs autres abus entre le 24 avril et le 12 juin lors d’opérations anti-insurrectionnelles dans la région du Nord-Ouest du Cameroun », a noté l’ONG dans un rapport.
L’ONG affirme que des membres des forces de l’ordre ont « détruit et pillé des centres de santé, détenu arbitrairement au moins 26 personnes et en auraient fait disparaître de force quelque 17 autres ».
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont le théâtre depuis cinq ans d’un conflit meurtrier entre des groupes armés réclamant l’indépendance d’un Etat qu’ils appellent l’ « Ambazonie » et des forces de sécurités massivement déployées par le pouvoir du président Paul Biya, 89 ans, qui dirige le Cameroun d’une main de fer depuis près de 40 ans.
Une partie de la population anglophone s’estime ostracisée par les francophones. Le conflit a fait plus de 6.000 morts depuis fin 2016 et forcé plus d’un million de personnes à se déplacer, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG). Les rebelles comme les militaires et les policiers sont régulièrement accusés par les ONG internationales et l’ONU de commettre des exactions et crimes contre les civils.
HRW a évoqué l’attaque, le 1er juin, par des soldats camerounais du village de Missong, un hameau de la région du Nord-Ouest, qui s’est soldée par la mort de neuf personnes, dont quatre femmes et une fillette de 18 mois, « dans une opération de représailles contre une communauté soupçonnée d’abriter des combattants séparatistes ».
L’armée avait alors reconnu une « méprise » et « une réaction inappropriée, inadaptée à la circonstance et manifestement disproportionnée ».
Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) avait placé en juin le Cameroun anglophone à la troisième place sur la liste des dix crises « les plus négligées » de déplacement de population, en se basant sur trois critères: le manque de volonté politique de la communauté internationale pour y trouver des solutions, de couverture médiatique et de financement des besoins humanitaires.