Le président camerounais Paul Biya vient d’annoncer la convocation fin septembre d’un « grand dialogue national » sur le conflit meurtrier entre des groupes séparatistes de la minorité anglophone et les forces de sécurité dans l’ouest. Une annonce qui intervient au moment où son régime fait juger pour « insurrection » des leaders de l’opposition.
« J’ai décidé de convoquer, dès la fin du mois en cours, un grand dialogue national qui nous permettra d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations du Nord-ouest et du Sud-ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de notre Nation », a déclaré le chef de l’Etat, dans une « adresse à la Nation » retransmise sur les antennes de la radio et la télévision nationale.
Une annonce saluée par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui « encourage le gouvernement camerounais à veiller à ce que le processus soit inclusif et réponde aux défis auxquels le pays est confronté », a déclaré mardi dans un communiqué son porte-parole, Stéphane Dujarric.
Le dialogue sera présidé par le Premier ministre Joseph Dion Nguté et rassemblera les différentes composantes sociales, y compris des représentants des forces de défense et de sécurité, ainsi que ceux des groupes armés, a assuré M. Biya.
En prélude aux assises dont le lieu n’a pas été annoncé, le Premier ministre mènera de « larges consultations » et « des délégations (iront) dans les prochains jours à la rencontre de la diaspora », a indiqué le président camerounais.
Depuis novembre 2016, les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest sont confrontées à une grave crise socio-politique, les populations originaires de ces zones s’estimant marginalisées.
Il y a plus d’un an, celle-ci a dégénéré en conflit armé entre soldats et séparatistes en lutte pour la création d’un État anglophone indépendant. Les combats et les exactions de part et d’autre ont fait plus de 2.000 morts depuis début 2017, selon Human Rights Watch, et forcé plus de 530.000 personnes à fuir leur domicile, selon l’ONU, dans ces régions peuplées majoritairement par la minorité anglophone qui représente un peu plus de 16% de la population du Cameroun.