Des responsables burundais de haut rang pourront être poursuivis pour crimes contre l’humanité pour les violences survenues dans le pays depuis 2015. C’est ce que vient d’annoncer la commission d’enquête des Nations Unies en charge de ce dossier. Dans un rapport rendu public aujourd’hui (lundi 4 septembre) la commission onusienne a souligné qu’une liste de suspects dont des responsables politiques et des hautes cadres des services de sécurité a été établie.

Le même rapport précise que « la commission a des motifs raisonnables de penser que les crimes contre l’humanité sont principalement attribuables à des responsables de l’Etat au plus haut niveau et à des officiers supérieurs du Service de renseignement national, de la police, de l’armée et de l’Imbonerakure ». Mouvement de jeunes du parti au pouvoir, l’Imbonerakure aurai reçu des instructions de commettre des violations des droits de l’homme directement du bureau de la présidence, estiment les enquêteurs.

Ces derniers, et après une série de plus de 500 entretiens ont mis en cause les services de sécurité pour toute une série de crimes, dont des exécutions extrajudiciaires, des arrestations et détentions arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture et traitement dégradant et des violences sexuelles. Les enquêteurs ont relevé également des insultes à caractère ethnique visant les Tutsis qui ont créé un climat de haine et de terreur, sans pouvoir toutefois « attester de l’existence d’une volonté politique d’éliminer ce groupe ethnique en entier ou en partie, comme le requiert la définition du génocide ».

Toutefois, le rapport estime que « l’utilisation d’un terme comme ‘cafards’ est dérangeante parce qu’il a été utilisé par le passé pour qualifier les Tutsis, en particulier au Rwanda lors du génocide de 1994 ». À cet effet, la commission Onusienne a appelé par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye à se saisir de l’affaire. Un appel qui n’a que peu de chance d’aboutir car le Burundi a décidé l’an dernier de se retirer du Statut de Rome de la CPI.