Après le Secrétaire général de l’ONU qui a réussi à arracher la libération de 2000 détenus politiques, la mission de l’Union africaine (UA) a obtenu du président Pierre Nkurunziza que le nombre d’observateurs et d’experts militaires de l’UA déployés au Burundi soit porté à 100.
Le dialogue après les tergiversations
On est très loin des 5000 soldats de la paix annoncés par la Commission de l’UA. Cette dernière proposition avait été refusée par Bujumbura avant d’être finalement écartée par le 26ème Sommet des chefs d’Etats de l’Union.
C’est du reste ce sommet qui a dépêché la mission qui vient de séjourner sur place les 25 et 26 février, composée des présidents Ali Bongo (Gabon), Macky Sall (Sénégal), Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et Jacob Zuma – qui a finalement fait le déplacement – (Afrique du Sud) ainsi que du premier ministre éthiopien.
Le président burundais a également accepté d’ouvrir un dialogue inclusif avec ses opposants comme le lui ont demandé ses pairs de l’UA et Ban Ki Moon auparavant.
Le CNARED montré du doigt
Pierre Nkurunziza refuse néanmoins fermement de discuter avec les opposants qu’il qualifie de « non pacifistes ». Cela pose problème dans la mesure où ces derniers membres du Conseil national pour le respect de l’Accord d’Arusha et de l’Etat de droit au Burundi (CNARED) constituent la majorité de l’opposition actuelle au pouvoir. Ils sont accusés par le régime de Nkurunziza de susciter les violences qui déchirent le pays.
Le paradoxe est que la résolution 2048 de l’ONU confirme la position de Bujumbura, bien que les opposants du CNARED demeurent les interlocuteurs incontournables pour trouver une solution au blocage politique qui plonge le pays dans la violence et le chaos.
Kigali impliqué ?
Le pouvoir en place met en outre à l’index le Rwanda, accusé d’armer les opposants. Sans qu’il soit possible de connaître l’ampleur de l’implication de Kigali, il est évident que le président tutsi Paul Kagamé ne va pas rester les bras croisés en constatant les massacres dont sont l’objet ses frères du Burundi.
Cette dimension régionale inquiète au plus haut point la communauté internationale qui agit maintenant sur le terrain pour éviter le pire.
Eviter la régionalisation
Pour le moment les résultats engrangés sont minces. Mais les Burundais s’aperçoivent au moins que leur sort intéresse le reste du monde et que le huis clos infernal qu’ils vivent est dénoncé dans le monde entier.
Une telle prise de conscience peut être salutaire si le président Nkurunziza sort de sa bulle et prend la juste mesure des dangers qui guettent son pays et son peuple.